|
|
| Littérature -> Romans & Nouvelles |
 | |
Conversations avec l'ange | | | Yves Simon La Voix perdue des hommes
Grasset 2001 / 18.02 € - 118.03 ffr. / 336 pages
ISBN : 2-246-62381-2
Imprimer
Andrea est un jeune prêtre sans paroisse, qui célèbre la messe chaque matin pour une poignée de voisins, du haut de son dix-huitième étage surplombant le périphérique nord. Il passera ensuite la journée et une partie de la nuit à sillonner Paris sur son scooter, au gré des appels reçus sur son portable. Des amis, des proches : Milos, peintre exilé de la Mitteleuropa et photographe obstiné de sa propre déchéance ; Luis, "Maître des lumières" devenu aveugle à la suite d'un accident ; Ismalia, infirmière tendrement complice des mourants, rêvant d'une passion véritable, pure et sensuelle, sans jamais réussir à la saisir ; Frédéric, son frère bien-aimé, qui accumule les succès matériels... Des étrangers aussi, des passants, tous ceux dont la voix pourrait s'évaporer sans jamais être entendue, tant leur drame personnel est infime, négligeable aux yeux de la société.
Confidences ou confessions ? Rien n'est jamais sûr, dans ce Paris aux millions de solitudes, cette métropole multiforme et omniprésente... où s'accumule soudain le sable du désert saharien, charrié par des vents étranges. Andréa est séduisant, sensible et lumineux. Il aurait eu le choix d'un autre destin : Mathilde, qui l'a aimé une nuit, autrefois. Qui était partante pour la vie. Mais il s'est tourné vers Dieu, vers ceux qui cherchent trace de leur âme tandis que s'effacent les repères du réel. Le doute existentiel plane comme un nuage immense sur la grande ville : "Pourquoi les anges comme toi viennent-ils distiller l'illusion qu'un monde périmé perdure et dont il faudrait protéger les vestiges ?", lui demande Milos.
La voix perdue des hommes est le neuvième roman d'Yves Simon, Prix Médicis 1991 pour La dérive des sentiments. Poète, écrivain et chanteur, il compose ici un voyage immobile entre deux univers qui se frôlent sans se rencontrer, à sa manière délicate et secrètement nostalgique. Il effleure la question de Dieu, de son utilité dans une civilisation où le fonctionnel et le commercial ont depuis longtemps dévoré le spirituel, mais il ne donne aucune interprétation personnelle. Le silence retombe sur le cœur des hommes, on ne saura rien de plus : un ange est passé.
Isabelle Nouvel
( Mis en ligne le 05/10/2001 )
Imprimer
A lire également sur parutions.com:Trois questions à Yves Simon
Ailleurs sur le web :Visitez le site d'Yves SimonLire le premier chapitre sur le site des éditions Grasset | | |
|
|
|
|
|