|
Bande dessinée -> Manga |
| Sho-U Tajima Eiji Otsuka MPD-Psycho, le détective schizophrène (vol. 1) Pika éditions 2004 / 7.90 € - 51.75 ffr. / 178 pages ISBN : 2-84599-322-6 FORMAT : 12 x 18 cm Imprimer
Kobayashi nest pas vraiment Kobayashi. En fait, Kobayashi nest même plus du tout Kobayashi. Il a définitivement changé didentité suite à des meurtres quil a commis dans lexercice de ses fonctions dinspecteur de police. Sa vie a basculé le jour où il a été condamné à plusieurs années dincarcération pour ces crimes perpétrés dans des états seconds, période au cours de laquelle sa deuxième personnalité, celle dAmamiya, a pris le dessus. Il faut dire que retrouver sa petite amie démembrée dans un colis qui vous est spécialement envoyé en recommandé a de quoi vous faire décompenser vos pires névroses. Surtout si vous êtes un peu fragile psychologiquement à la base
Mais il existe une vie après la prison et Amamiya se voit proposer un poste de concierge-assistant par une ex-collègue de travail, Micha, qui a quitté la police pour monter son agence criminelle privée. Cadavres, torture et cannibalisme deviennent leur pain quotidien et les compères se plongent sans hésitation dans de terrifiantes enquêtes, qui se révèlent peu à peu unies par un mystérieux lien. Amamiya ne serait-il pas lui aussi la victime dune étrange manipulation ?
«Mon but nétait pas de représenter des corps torturés, mais jestime que pour pouvoir exprimer mon intention, il était nécessaire de construire un univers où les cadavres existent bel et bien en tant que tels.» Mission parfaitement accomplie pour Otsuka, qui illustre avec brio ce premier tome. Tout en contraste, soutenus par un jeu dombre et de lumière maîtrisé, les dessins du mangaka choquent par leur hyper-réalisme trash, à la limite du sordide. Le sens du mouvement de lauteur met en exergue latmosphère oppressante de la série, dont lintensité maintient sans fléchir le lecteur en haleine. Amamiya, inquiétant personnage à la gueule dange, rajoute au malaise général, ainsi que les portraits sans complaisance des protagonistes, tous plus ou moins tarés physiquement (et psychologiquement si affinité). Du journaliste charognard et borgne à lassociée amputée de deux doigts (pour lesquels elle oublie régulièrement de mettre ses prothèses), cest une véritable fascination morbide pour le corps, avec ses déformations et ses blessures, que met ici en image Otsuka. Mais le tout nest pas dénué dhumour, plutôt grinçant à vrai dire. En effet, seuls le cynisme et lindifférence à la souffrance dautrui peuvent sauver les acteurs de cette tragédie de la folie totale. La construction du scénario, réalisée par Tajima, ne manque pas de renforcer le trouble ressenti à la lecture de MPD-Psycho, jonglant allègrement entre passé et présent et suscitant une sorte de parallélisme qui laisse présager du pire
OVNI parmi les OVNI, Otsuka et Tajima signent là un manga très personnel au potentiel prometteur. À suivre.
Océane Brunet ( Mis en ligne le 17/06/2004 ) Imprimer | | |
|
|
|
|