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Entrez dans la quatrième dimension...
Un entretien avec Thierry Smolderen et Jean-Philippe Bramanti - Auteurs de McCay

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Thierry Smolderen est né en 1954 à Bruxelles. Après diverses expériences dans le théâtre et la musique, il se consacre à la bande dessinée à partir de 1981. Ses connaissances sur l’histoire de la BD mais aussi sur l’écriture et les techniques narratives font de lui l’un des meilleurs théoriciens actuels de la BD. Essayiste, critique et scénariste, Thierry Smolderen habite Angoulême où il enseigne l’écriture.

Jean-Philippe Bramanti est né en 1971 et réalise dès l’âge de douze ans ses premières planches dessinées. Il a étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille, puis pendant trois ans à l’atelier BD de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angoulême. C’est là qu’il a rencontré Guy Delcourt et qu’a commencé à germer l’idée d’une collaboration. La Balançoire hantée est sa première publication.

Paru.com : Comment avez-vous connu McCay ?

Jean-Philippe Bramanti : Pour moi, McCay c'est avant tout le dessinateur de Little Nemo. Mais ce qui m'intéressait surtout chez lui, c'était cette obsession des rêves : cauchemars, rêves éveillés, rêveries interrompues.

Paru.com : Comment se traduisait cette cohabitation entre plusieurs niveaux de rêveries dans l'oeuvre de McCay ?

Jean-Philippe Bramanti : En découvrant la première vignette des histoires de Little Nemo, le lecteur était toujours perdu, parce qu'il ne savait pas s'il s'agissait de rêve ou de réalité. McCay a toujours joué de cette ambiguïté, avec toujours la même thématique de la chute. Mais il faut bien noter qu'il y a plusieurs natures de chutes : chutes et glissades de Nemo au sens propre, chute du monde des rêves à la réalité, et une fois dans la réalité, il y avait la chute finale, c'est-à-dire la chute du lit. En fait, il y a une coexistence entre des chutes réelles et des chutes métaphoriques.

Paru.com : Comment vous est venue l'idée de travailler sur ce personnage ?

Thierry Smolderen : C'est moi qui ai commencé à réfléchir à ce projet, dont la trame était déjà écrite quand j'ai rencontré Jean-Philippe. Ma voie naturelle, c'est de m'interroger non pas sur les oeuvres, mais plutôt sur le processus qui engendre les oeuvres. C'est pour cela que je suis très intéressé par la forme de la biographie romanesque, qui est très récurrente chez moi. Ainsi, j'ai écrit avec Pierre Sterckx une biographie de Hergé dans les années 80. Avant, dans les années 70, nous avions aussi fait ensemble des pièces de théâtre mettant en scène des biographies de grands peintres, comme Ingres.

Paru.com : Le fait de choisir le support de la bande dessinée pour illustrer la vie d'un tel personnage a créé un genre tout à fait nouveau : la bande dessinée biographique. Quelle est la part du réel et celle de votre imagination dans cette histoire de McCay ?

Thierry Smolderen : Nous nous sommes arrangés pour que la part réelle soit typiquement biographique : les différentes étapes de la vie du personnage, son milieu professionnel, sa famille, ses rapports intimes. Il y a des détails qui pourraient paraître romanesques et qui sont véridiques : dans l'un des albums qui suivent celui-là, on parle par exemple d'une aventure que la femme de McCay a eue avec un de ses voisins, et qui a effectivement eu lieu, alors que l'on pourrait croire qu'elle sort de notre imagination. En revanche, dans l'intrigue, tout est invention: d'une part, la rencontre de McCay avec un dessinateur qui est plus fort que lui, et d'autre part, toutes les expériences liées à la quatrième dimension. Cette intrigue est mise en place dans ce premier album, et c'est peut-être pour cela qu'elle n'est pas évidente de prime abord, mais on la distinguera plus nettement dès le deuxième album.

Jean-Philippe Bramanti : A la fin du premier album, Silas et McCay se quittent et on ne sait pas s'ils vont se revoir. Ce n'est qu'à partir de l'album suivant que le lecteur commencera à se douter que l'histoire de leur rivalité ne prend pas fin avec l'arrestation de Silas. En fait, Silas était un pseudonyme que McCay utilisait pour signer ses dessins. C'est pour cela que nous avons utilisé ce nom dans notre album pour représenter le rival, qui est aussi le double de McCay.

Thierry Smolderen : Le dédoublement du dessinateur, c'est sa face cachée, son alter ego un peu diabolique. C'est quelque chose qui existe chez tous les dessinateurs : Hergé, Moebius, etc. Cette idée du double de McCay, et de sa rencontre avec un autre dessinateur plus fort que lui, m'a été suggérée par un autre dessinateur, Milton Caniff, sur lequel j'ai beaucoup travaillé. Milton Caniff était un grand maître de la BD américaine des années 1930 à nos jours, auteur notamment en 1934 de Terry et les Pirates : en 1984, à la fin de sa vie, il m'a raconté que pendant toute sa jeunesse il avait été considéré comme le meilleur dessinateur. Mais un jour, il a rencontré Noël Sickles, auteur de Bob l'Aviateur, qu'il trouvait bien meilleur. Il a eu cette phrase, qui m'a vraiment marqué : "On peut être aussi bon qu'on veut, on finit toujours par tomber sur meilleur que soi". C'était vraiment sincère de sa part, d'ailleurs, ils ont ensuite travaillé ensemble. McCay est emblématique du dessinateur parfait, celui qui a à la fois la technique, la virtuosité, l'inventivité, le rapport à l'imaginaire. C'est difficile de trouver quelqu'un qui soit à la fois aussi technique et aussi artiste.

Paru.com : Silas, lui, a un instinct très brut et naturel du dessin: est-ce que la rivalité entre Silas et McCay est emblématique de l'opposition entre le talent naturel et le talent artificiel, c'est-à-dire construit ?

Jean-Philippe Bramanti : Il s'agit plutôt de deux talents réels, même si l'un est plus classique et l'autre plus révolutionnaire. Ou plus exactement, Silas pousse encore plus loin le talent déjà atypique de McCay.

Thierry Smolderen : Silas représente tout ce que McCay n'est pas, c'est-à-dire le rapport au réel, au social, au politique, la révolte contre les inégalités sociales et l'analyse de la réalité Silas est un militant politique, adepte du marxisme. Dès le moment où l'on a un chantier aussi vaste que celui qui était le nôtre, l'oeuvre acquiert une dynamique propre : il ne faut pas vouloir faire une grille de lecture trop précise, les interprétations viennent toutes seules. Nous-mêmes, nous découvrons petit à petit des aspects nouveaux de notre histoire. C'est un peu comme pour l'enseignement : on ne crée pas une école pour formater des gens, mais pour créer un milieu propice à l'épanouissement de chacun. Il ne faut pas cherche à vouloir contrôler toute l'histoire, mais plutôt créer un bon milieu, avec de bons ingrédients, pour que le lecteur puisse avoir une lecture personnelle et que l'histoire elle-même se développe ensuite de façon autonome.

Jean-Philippe Bramanti : McCay avait aussi un souci social, dans Little Nemo, il a représenté par exemple des bidonvilles, mais c'est une vision à l'opposé de celle de Silas, puisque McCay était encore complètement dans le rêve, avec ses transformations de bidonvilles en palais. On peut avoir de la sympathie pour cette utopie d'harmonie, de délices, de perfection, mais ce doux rêve est complètement opposé à l'éthique de l'action et de la révolution qui anime Silas.

Paru.com : Pour faire cette biographie, à partir de quelles sources avez-vous travaillé ?

Thierry Smolderen : Au niveau de la documentation images, Jean-Philippe a fait un travail titanesque.

Jean-Philippe Bramanti : Petit à petit, cela devient comme un jeu : on a envie d'être le plus précis possible. Par exemple, dans le premier album, toute l'histoire est centrée sur un bâtiment, le Wonderland : pour moi, c'était essentiel de trouver ce lieu. Je me suis véritablement mis en quête, et j'ai rassemblé beaucoup de cartes postales de la ville de Detroit.

Thierry Smolderen : Il faut dire que, dans la vie de McCay, le Wonderland est un endroit essentiel puisque c'est le premier endroit où il a travaillé. Nous avons eu énormément de mal à retrouver visuellement ce bâtiment.

Jean-Philippe Bramanti : J'avais juste retrouvé des écrits qui indiquaient que la façade de ce bâtiment ressemblait au Barnum de New York, et se trouvait à un angle de rue. Je l'avais donc imaginé comme cela, quand, en agrandissant une photo, j'ai découvert une partie d'une inscription où il y avait écrit "Wonder", et juste en dessous "Vaude" pour "Vaudeville". Devant, il y avait une fontaine : pour moi qui avais recoupé plusieurs façades de l'époque, c'était devenu évident. J'y étais, j'avais mon Wonderland ! Et je me suis aperçu ensuite que je disposais de plusieurs cartes qui représentaient ce lieu, mais à des dates ultérieures, et où l'enseigne avait disparu. Pendant longtemps, j'avais la solution sous les yeux et je ne l'avais pas vue.

Paru.com : Combien de temps vous a pris le travail de documentation ?

Thierry Smolderen : Tout est déjà écrit, j'ai terminé le scénario en 1992. Jean-Philippe, lui, a mis six ou sept ans à trouver la documentation sur tous les lieux où l'on retrouve McCay En fait, il y a cinq albums prévus, et nous avons retardé la sortie du premier pour pouvoir ensuite en publier un tous les ans.

Jean-Philippe Bramanti : Je voyais le découpage de l'histoire sur l'ensemble du scénario, et non pas album par album. Par exemple, il y a dans le quatrième album, un moment de flash-back : pour moi, c'était nécessaire de concilier une vue précise de la totalité de l'histoire avec la finalisation du premier épisode. Il y a des éléments qui apparaissent dans le premier tome et qui vont revenir plus tard.

Paru.com : Votre dessin s'apparente dans l'album au cinéma du début du siècle, avec notamment un rythme saccadé dans la succession des vignettes.

Jean-Philippe Bramanti : Effectivement, ce qui m'intéressait, c'était d'avoir dans mon graphisme un décalage par rapport au dessin de McCay lui-même. Apporter une proximité avec l'époque et un certain réalisme dans le dessin permet de croire encore plus à cette histoire.

Paru.com : Dans quelle mesure l'attraction de la Balançoire hantée, titre que vous avez donné à l'album, est-elle une métaphore de notre incapacité à maîtriser l'espace et à comprendre le monde dans lequel nous vivons ?

Thierry Smolderen : Il faut dire tout d'abord que cette balançoire hantée est une attraction complètement ahurissante, dont j'ai découvert la description pour la première fois en 1976 en parcourant un bouquin sur l'illusionnisme. Avec elle, on entre totalement dans l'illusion sensorielle. C'est une espèce d'attraction Ovni, qui semble défier les lois de la physique et fascine les scientifiques. Elle a été présentée pour la première fois en 1893 à l'Exposition universelle de Chicago. En fait, cette balançoire hantée est plutôt une métaphore des planches de McCay, qui entraînent le lecteur dans des espaces impossibles. Il faut se souvenir que les planches de McCay paraissaient dans des journaux de très grand format, et avaient des couleurs absolument magnifiques. Les gamins qui lisaient cela étaient captivés par les perspectives des planches de McCay. C'était comme un voyage à la fête foraine. A beaucoup de points de vue, cette métaphore de la balançoire hantée colle avec le personnage : si on sort de la pièce, on se rend compte de la manière dont l'attraction fonctionne. C'est un peu comme si on sortait dans la quatrième dimension, et qu'on regardait notre espace à trois dimensions, ce qui nous permettrait de nous rendre compte de la manière dont les choses sont construites.

Paru.com : Justement, c'est très difficile de se représenter ce qu'est cette quatrième dimension, parce que notre cerveau n'est pas conçu pour. Comment en est-on arrivé à l'imaginer ?

Thierry Smolderen : La quatrième dimension, c'est en effet l'autre grand thème de l'album, et c'est un thème qui a même précédé mon intérêt pour McCay. McCay a réellement suivi les cours de Goodison, et cela a changé beaucoup de choses, car même si manifestement il était déjà virtuose, l'enseignement de ce professeur de perspective lui a permis de transformer un talent relativement courant chez les dessinateurs en une aptitude technique exceptionnelle à produire des images de synthèse. Hinton était un professeur anglais qui voulait se libérer de la perspective de la troisième dimension pour voir les choses d'un autre point de vue qui, en fait, supprime toute possibilité de perspective. Imaginez un V sur une feuille de papier, et un point qui s'enfonce entre les branches du V : ce point ne voit devant lui qu'un segment de droite qui se rétrécit. Mais si l'on sort de cette deuxième dimension et que l'on regarde d'en haut, on voit l'ensemble, c'est-à-dire le V avec le point qui se déplace: on comprend tout-à-coup tout ce qui se passe. La quatrième dimension, c'est l'abolition de la perspective : d'une certaine manière, en mettant en scène Hinton après Goodison, nous avons donné au talent de McCay une dimension supérieure. C'est cela qui nous a plu dans l'idée d'imaginer la rencontre entre McCay et Hinton: mais c'est une rencontre qui, historiquement, n'a jamais eu lieu.

Paru.com : Dans votre album, McCay est très proche de saisir ce qu'est cette quatrième dimension, il en est même très perturbé : c'est un des fils conducteurs de votre série ?

Thierry Smolderen : Exactement. Le noeud de l'intrigue, et qui va se développer bien sûr dans les albums suivants, c'est ce moment où il touche à la quatrième dimension.

Jean-Philippe Bramanti : En fait, dans notre esprit, McCay était vraiment le seul dessinateur capable d'aborder cette quatrième dimension. Il avait déjà une extraordinaire maîtrise de la troisième dimension, il était déjà dans le dessin animé avec ses personnages de cartoon qui se courent les uns après les autres à une vitesse folle, et à qui il parvenait à donner une vie propre. Je pense qu'il n'était effectivement pas très loin de pouvoir saisir l'essence de la quatrième dimension.

Thierry Smolderen : McCay, avec les cours de Goodison, possédait la faculté mentale de modéliser l'espace à trois dimensions. Il suffit de changer quelques paramètres dans son générateur interne de perspectives pour qu'il soit capable de concevoir des espaces à quatre dimensions, à l'image des programmes informatiques. Il est impossible de visualiser la quatrième dimension, parce que nous n'avons pas le cerveau qui permet de le faire, mais on peut très bien modéliser par ordinateur l'intersection d'objets à quatre dimensions avec notre espace à trois dimensions. C'est ce que Hinton demande à McCay, parce qu'il se rend compte que McCay a un extraordinaire talent d'intuition et de visualisation. A ce moment-là, McCay touche la quatrième dimension d'un peu trop près, et il commence à basculer dans le monde du rêve.

Paru.com : Ce rêve est symbolisé par ce petit personnage qui dit : "Qui êtes-vous ? Tu viens me chercher ?"

Jean-Philippe Bramanti : Oui, et ce personnage, c'est Little Nemo. Il le rencontre au moment où il touche à la quatrième dimension, et c'est bien sûr un personnage qui va revenir.

Thierry Smolderen : Normalement, les albums sont faits pour être lus à la suite les uns des autres, et c'est vrai que si on lit cette vie de McCay sans aucun renseignement sur le dessinateur, on peut être un peu intrigué par plusieurs aspects de l'album, et notamment par l'apparition de ce personnage si essentiel dans l'oeuvre de McCay. Mais nous ne pouvons pas en dire davantage, car il faut conserver la surprise des prochains albums. Le vrai plaisir commencera à émerger à partir du deuxième album, une fois l'histoire installée.

Paru.com : L'intérêt de cette biographie, c'est qu'on ne sait pas trop où est la part du réel et celle de votre imagination : cette ambiguïté donne sa richesse à l'album.

Jean-Philippe Bramanti : C'est vrai, lors de séances de dédicaces, certaines personnes sont venues me voir, persuadées que McCay était passé de l'autre côté du miroir, et qu'il était dans la quatrième dimension. Ils y croyaient vraiment. A force d'être dans l'histoire, j'ai moi-même parfois l'impression d'y être aussi !

Thierry Smolderen : La difficulté de faire la part du vrai et du faux sera toujours présente, même quand on aura lu l'ensemble des albums, parce que l'histoire s'est presque construite d'elle-même et qu'elle a acquis une dynamique propre. Même moi, maintenant, j'ai des difficultés à parler de McCay sans faire entrer la quatrième dimension en ligne de compte, alors qu'historiquement, il n'y a pas de rapport entre les deux. En même temps, c'est une association qui colle parfaitement et qui aurait pu se produire : les dates et les lieux coïncident, Hinton aurait très bien pu rencontrer McCay.

Paru.com : Dans quelle mesure l'album est-il finalement une fable métaphysique sur notre volonté déçue de maîtriser notre espace et notre existence ? Est-ce que pour vous la création artistique peut être un moyen de maîtriser ce qui nous échappe ?

Jean-Philippe Bramanti : Pour moi, le dessin est une tentative de visualiser le monde, pas forcément de chercher à le maîtriser.

Thierry Smolderen : Les dessinateurs restent avant tout des faiseurs de mondes. Dans le deuxième épisode, nous avons beaucoup travaillé sur les parcs d'attractions : McCay habitait à deux pas de Coney Island, le plus grand parc d'attractions de l'époque, et cela l'a beaucoup influencé évidemment. Il s'agissait du premier Luna Park, grâce auquel on accédait à un monde imaginaire, où les lois sociales et physiques étaient bouleversées, remplacées par quelque chose de très chaotique et désirable. C'est un peu la même problématique de construction de mondes à part.

Jean-Philippe Bramanti : Il y avait même un côté désir, fantasme, avec des jeunes filles assises qui tournaient et se laissaient regarder par les messieurs. Les gens venaient dans ces parcs pour entrer dans un monde nouveau et oublier leur quotidien, après des semaines de travail de 60 ou 80 heures.

Thierry Smolderen : En fait, les Luna Parks, comme la bande dessinée, sont des espaces marginaux, qui n'obéissent pas à toutes sortes de critères -dont ceux du sens. Ils délivrent rarement une morale, et remettent rarement les "choses en ordre" comme le font souvent les textes à vocation culturelle ; tout au contraire, dans la BD, comme dans les parcs d'attractions, on assiste à des expériences violemment désorganisatrices et en même temps plaisantes : il y a des émotions fortes, on est désorienté, immergé dans des expériences trépidantes ou chaotiques. On appelle ça très justement des "attractions" : des pièges aptes à nous captiver presque malgré nous. Winsor McCay était un grand manipulateur d'attractions dans le domaine de la bande dessinée, mais aussi du dessin animé et du spectacle.


Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 29/07/2001 )
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