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Tribu lampédusienne avec Emanuele Crialese, Valeria Golino France Télévisions Distribution 2003 / 25 € - 163.75 ffr. Durée film 88 mn. Classification : Tous publics | Format image :
Cinémascope - 1.85:1
Full Screen (Standard) - 1.33:1
Zone et formats son :
Zone : Zone 2
Langues et formats sonores : Français (Dolby Digital 5.1), Italien (Dolby Digital 5.1)
Sous-titres : Français
Bonus :
Le Making Of
L'interview débat d'Emanuele Crialese
La bande-annonce
Format plein écran et cinémascope
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Une île calcaire et azur
Des falaises dalbâtre plongent profondément, de toutes leurs couches, sédimentaires et obliques, dans une eau turquoise, plus bleue que le ciel qui sy mire. Au creux de ce chaos géologique, une petite ville aux maisons mal construites, humbles mais heureuses, un port criard gêné par quelques touristes, les rires denfants et les robes fleuries de belles jeunettes et de mammas moins fringantes
Cest dans cet Eden méditerranéen, Lampedusa, île infime au sud de la Sicile, quEmanuele Crialese a planté son décor. A lui seul, le paysage ferait le film. Lampedusa est le personnage de cette uvre, son sujet. Car cest avec un il tout ethnographique que le réalisateur, pas moins poète pour autant, a filmé cette communauté italienne. Les clichés y vont bon train mais il ny a pas de fumée sans feu : lEsméralda aux yeux égéens, son mari, brun des pieds à la tête, et leurs enfants, deux garçons, parfaits machos à litalienne, gueulards mais tendres, et une fille plus discrète
Cliché que cette île quon croirait préservée, sans trace dune modernité parfois salissante : les enfants courent presque nus, la peau cuite et dorée, les plages y sont désertes, les occupations simples : la pêche, la nage, un transistor rouillé et un vieux train électrique
Mais hors champ, la masse des touristes est bien là : les maillots fluos, les airs faciles de tubes estivaux, les cheveux teints
Crialese les gomme, il les nie pour le bien de son uvre : il veut faire de son île un espace intact, préservé, encore vierge, pour en montrer à la fois la beauté quasi naturelle et la dureté qui laccompagne.
Car cet écosystème nest pas facile. Sous le poids de lisolement et de la tradition, la marge na pas sa place. Or, Grazia, remarquablement interprétée par la superbe Valeria Golino, incarne cette différence inacceptable. Dans ce monde en torpeur, elle se veut mouvement et bruit : elle chante, danse et nage nue
Cette légèreté, cette désinvolture passent pour de la folie ; anormale, malgré lamour des siens, son mari désemparé, elle finit par être exclue de la tribu locale. Telle est lintrigue de Respiro.
Couronné à Cannes en 2002 (Prix de la jeune critique et Prix de la semaine de la critique), ce film est dune beauté tout italienne. Cest dire ! On y trouve la chaleur de ces espaces méditerranéens, plus africains que dEurope, sauvages, différents, charmeurs. On y retrouve ce sens de la famille, violente et tendre à la fois, oasis et panier de crabes. On y admire la force de caractères vrais, servis par des acteurs choisis à litalienne, c'est-à-dire sur place, sans agent : les deux enfants de Grazia, dégotés à Lampedusa et dans la banlieue palermitaine, sont plus que fascinants tant ils jouent leur rôle de manière juste, sans artifice.
Le film parle de la tradition, de sa nécessité, des cadres rassurants quelle offre (la nature, la famille, la communauté, la religion) comme des dangers quelle implique (le conservatisme, lintolérance, la haine). Rien de manichéen donc dans cette belle histoire aussi nuancée que le bleu de cette mer, indescriptible. Poétique, métaphorique, se terminant par une scène où chacun verra ce quil veut, cette uvre, magnifiquement libre, est à voir absolument. La musique, liquide et entêtante, à laquelle sajoute un vieux tube rital, et la photographie, irradiante, jouant sur lopposition entre le blanc solaire et le bleue plus rafraîchissant, complètent le tableau dhonneur de ce chef-duvre.
Le DVD ajoute au film, visible en italien sous-titré et en Français, deux documentaires intéressants sur sa genèse : on y comprendra mieux les intentions du réalisateur, le choix des acteurs, etc
Il faut donc se jeter sur lhistoire de cette femme et de sa famille, «île dans une île», comme la écrit un critique italien.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 29/09/2003 ) Imprimer
Ailleurs sur le web : Lien vers le site officiel du film | |
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