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Nul n'est parfait
Michel Faber   Moins que parfait
L'Olivier 2008 /  21 € - 137.55 ffr. / 285 pages
ISBN : 978-2-87929-540-4
FORMAT : 14cm x 20,5cm

Date de parution : 02/10/2008.
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On ne connaissait pas en France l'écrivain écossais Michel Faber jusqu'à ce qu'il publie en 2002 La Rose pourpre et le Lys, roman fleuve décrivant d'une plume acérée autant qu'érudite les bas-fonds de Londres à l'époque victorienne. La critique britannique salua l'exploit, allant jusqu'à comparer son oeuvre à celle d'un Dickens moderne, quand en France certains n'hésitèrent pas à y voir un pendant anglophone à la Comédie Humaine de Balzac. Fortes de ce succès, les éditions de l'Olivier publient cet automne une compilation de deux recueils de nouvelles, parus respectivement en 1998 et 2002, sous le titre Moins que parfait.

S'il avait montré dans La Rose pourpre et le Lys un véritable talent pour la reconstitution historique, l'auteur prouve dans Moins que parfait qu'il maîtrise également, chose rare aujourd'hui, l'art et la manière de la nouvelle. Ces quinze courts récits se révèlent en effet autant de précieux petits bijoux de finesse et d'intelligence, qui, assemblés, nous donnent à voir, non plus l'Angleterre victorienne mais un tableau de notre époque, vécue par des personnages de milieux et d'horizons divers, aux quatre coins de la planète. Et ce qui intéresse Michel Faber dans notre monde contemporain tourmenté, ce sont ceux qui vivent à sa marge, les gueux, les réprouvés ou les exclus : ces personnages, drogués, alcooliques, névropathes ou asociaux concentrent à première vue toute la noirceur et le pathétique d'un monde à pleurer.

Et pourtant on ne pleure pas en plongeant avec l'auteur dans la boue et la crasse dans lesquelles il immerge ses personnages, tant il parvient à faire ressortir, de chaque sombre histoire, une immense part d'humanité. Qu'il choisisse de décrire la réalité la plus sordide ou d'inventer un univers onirique flirtant avec le fantastique, l'attention toujours teintée d'affection qu'il porte aux personnages permet de rendre la trivialité des situations supportable et le rêve moins cauchemardesque. Point d'angélisme pour autant dans sa façon de décrire ces anti-héros du XXIe siècle parfois bêtes, méchants ou dangereux ; mais lorsqu'il sonde la misère humaine, c'est toujours avec tendresse, lorsqu'il dépeint avec humour l'incongruité de certaines situations, c'est sans jamais s'en moquer, et lorsque ses personnages paraissent irrémédiablement noyés dans le vice, émerge toujours la possibilité même fugace d'une rédemption.

Car ce qui lie dans ces tranches de vie disparates le mari violent, la mère droguée incapable de s'occuper de son enfant, les employés d'un glauquissime sex-shop australien ou le type solitaire accro aux jeux vidéo, c'est leur capacité à revêtir, même fugitivement, les habits de l'Humanité : c'est, entre autres, le difficile apprentissage de l'amour pour son enfant d'une femme que la drogue a aliénée, la caresse que vient rechercher chez sa mère le mari alcoolique qui vient de tuer sa femme, ou encore la douceur avec laquelle sa petite amie hongroise soigne un musicien de heavy-metal de seconde zone, qui éclairent à chaque fois comme un flash ces existences teintes d'un noir opaque. L'auteur, en parfait entomologiste de la médiocrité, examine au microscope ces existences torturées, qu'elles soient extrêmement réalistes, oniriques ou fantasmagoriques, et recueille précieusement les moments d'apaisement, de beauté ou même de bonheur qui nous auraient échappé sans sa loupe.

Michel Faber est un bon exemple de cette prolixe littérature anglo-saxonne qui, avec entre autres Ian McEwan, Elliot Perlman ou Martin Amis, interroge notre époque et questionne notre monde contemporain en finesse et dans la nuance.


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 20/10/2008 )
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