| Azouz Begag Dites-moi bonjour Fayard 2009 / 16 € - 104.8 ffr. / 172 pages ISBN : 978-2-213-63717-4 FORMAT : 13,5cm x 21,5cm
Lauteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française (PhD), membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS) et auteur, chez lHarmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007). Il a cofondé un site de ressources consacré à Hervé Guibert (http://herveguibert.net) et un site dédié à lécriture autofictionnelle (http://autofiction.org). Imprimer
Azouz Begag, homme politique, sociologue, est aussi lauteur de romans autobiographiques tels que Le Gone du Chaâba (1986) ou Béni ou le paradis privé (1989) dans lesquels il mêlait, subtilement, la peinture sociale (immigration, racisme), lhumour et la tendresse.
Dans Dites-moi bonjour, le narrateur-enfant vit paisiblement, avec sa famille, sur les berges du Mississipi, un Mississippi de nulle part, un fleuve de fable. Sa bonne étoile, Neigema, lui explique quil croisera sur sa route des «Pépins» qui veulent sa «perte, creusent des nids-de-poule sur le bitume pour [le] casser» mais aussi les «Pépites» qui éclaireront sa voie. Dès le début, nous voici donc plongés dans lunivers du conte.
Les ennuis commencent lorsquun déluge conduit «le Mississipi fiévreux» à sortir de son lit et à ravager les habitations. Après une échappée onirique digne du Petit Prince auprès de sa bonne étoile, le narrateur va découvrir «les affres dune nouvelle société». Le monde quil connaissait a disparu : il ny a désormais que des bâtiments en dur, les voitures écrasent «de leurs pneus neufs les traces du passé». Étranger à ce monde, accompagné de Sorciologue son Pangloss à lui , il fait le triste constat du nouvel ordre social. La «satiété de consommation» est à lorigine des pires dégâts sur lhumanité : obésité, surveillance, individualisme, grégarisme, communautés parquées, souvenirs congelés achetés au supermarché
Cest cette Odyssée dans le monde moderne que nous raconte Azouz Begag. Il renoue ici avec le conte philosophique fustigeant la société contemporaine, rappelant Voltaire, Orwell et Saint-Exupéry pour le caractère onirique de lensemble. Le regard naïf du narrateur est celui de Candide, celui de lauteur, par son acuité, dit vrai et touche juste.
Arnaud Genon ( Mis en ligne le 11/02/2009 ) Imprimer | | |