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Seuls au Monde
Stefano Benni   La Grammaire de Dieu - Histoires de solitude et d'allégresse
Actes Sud - Lettres italiennes 2009 /  21,80 € - 142.79 ffr. / 259 pages
ISBN : 978-2-7427-8088-4
FORMAT : 11,5cm x 21,5cm

Traduction de Marguerite Pozzoli.
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Il est difficile de présenter en deux mots l'Italien Stefano Benni, véritable artiste touche-à-tout qui depuis trois décennies explore la langue sous toutes ses formes : aussi à l'aise dans l'écriture romanesque que dans le journalisme, la poésie, la comédie et le cinéma, s'adonnant même à la musique en passionné de jazz, il pourrait évoquer une sorte de Vian moderne et italien.

Dans les vingt-cinq courtes nouvelles parues en 2007 et dont la traduction vient d'être éditée chez Acte Sud, c'est une véritable leçon de grammaire qu'il tente de nous offrir, et rien moins que celle de Dieu : ses créatures en seraient le verbe, et les histoires qui les animent la syntaxe, parfois balbutiante.

Rien de commun à première vue entre ces histoires souvent drôles, parfois cruelles, mais toujours d'une poésie troublante, si ce n'est que leurs personnages et leurs fragments de vie brossés en quelques pages ont tous quelque chose à nous dire sur notre monde, que semble manipuler un dieu ironique. Par son sous-titre, «Histoires de solitude et d'allégresse», Benni nous annonce d'emblée la couleur : les hommes, qu'ils soient riches, pauvres, puissants ou marginaux, sont seuls, dans une société censée pourtant leur offrir chaque jour des moyens de communication plus performants. L'auteur s'amuse lorsque par exemple dans Plus jamais seul, justement, un pauvre type croit pouvoir se faire des amis en achetant les téléphones portables les plus sophistiqués qui vont le mener en fait à commettre un crime raciste. Les hommes d'affaires imbus d'eux-mêmes et persuadés de tenir entre leurs doigts le monde entier sont ramenés également à leur solitude dans les dénouements pathétiques de Monsieur Zéro, Une rose rouge, ou encore Match nul.

Pour nous narrer sa cosmogonie, Benni utilise également le mode du conte, revisitant Lewis Carroll avec son Alice paumée et junkie, véritable réincarnation moderne de la «petite fille aux allumettes» d'Andersen. Au hasard des nouvelles, on croisera également un ogre, une sorcière, des poules qui parlent et des bancs de poissons étudiant la littérature...

Or s'il sait cruellement se montrer grinçant, c'est toujours paradoxalement avec une infinie tendresse, car ses personnages, aussi grotesques soient-ils, peuvent souvent se montrer attachants : ainsi Roland, au prénom évocateur de la célèbre chanson de gestes, véritable chevalier des temps modernes transmuté en camionneur, se laisse dépérir depuis que sa belle l'a quitté, et est finalement repris en main par le secours que lui porteront une ribambelle d'amis improbables.

Car ce sont aussi des «histoires d'allégresse» que Benni nous raconte en s'esclaffant : il nous rappelle que les hommes, englués dans une solitude dont ils n'ont pas toujours conscience, ont néanmoins la capacité de vivre de vrais moments de joie, et ses personnages truculents semblent colorer par instants la noirceur indéniable de ce monde. Aussi l’auteur se laisse-t-il aller à abandonner dans quelques rares et donc précieuses nouvelles son ironie mordante, pour nous offrir de vrais bijoux de poésie : ainsi dans Les Larmes, il imagine la Terre envahie par des sortes de bulles non identifiables, matérialisant toute la mélancolie du monde et portant en elles tous les «rêves négligés, jamais cultivés avec soin, jamais poursuivis avec passion».

Ne serait-ce donc que pour cette nouvelle d'abord, puis pour les autres, qui toutes accrochent le lecteur dès les premières lignes, nous devrions tous prendre sans rechigner ces étonnantes leçons de grammaire proposées par Benni.


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 16/02/2009 )
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