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Quand vient l'heure du choix... | | | Mercedes Deambrosis Juste pour le plaisir Seuil - Points 2013 / 7.60 € - 49.78 ffr. / 350 pages ISBN : 978-2-7578-1458-1 FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm
Première publication en janvier 2009 (Buchet Chastel) Imprimer
Juste pour le plaisir procure la même sensation que la pratique dun puzzle, une exaltation teintée dembarras, embarras qui au fil de la construction se volatilise au profit dune excitation entêtante. Les divers personnages sont éparpillés dans des villes, des contrées et des époques différentes. Deux pour être exact : 1938/42 au cur de la Seconde Guerre mondiale et 1987.
Les courts chapitres jouent et accentuent la confusion. Chacun fixe des brins dhistoires, des bourgeons de rencontres, de conflits, détats dâme et le sens de ce patchwork de personnalités troubles et singulières échappe au lecteur. Des indices sont parsemés et posés au détour dune pensée ou en conclusion dun dialogue. Alors, ce qui semblait obscur voire abscons dessine une cohérence qui va crescendo. Mercedes Deambrosis excelle dans la technique du suspens.
Sur fond de collaboration avec loccupant ou au contraire de résistance pour certains, la romancière traite de cette épineuse question du positionnement vis à vis de la population juive. Délation et profit personnel, silence consentant et culpabilité, prise de risque et rejet du joug de lennemi ? Quils soient policiers, tenancier de bar, petites gens, jeunes soldats ou tueur en série, les personnages mis en scène sont à un moment donné de leur parcours confronté à ce choix intime et lourd de conséquences. Chacun porte en lui une vérité ou plus précisément une justification dun geste, dune parole qui parfois mènent à la déportation ou à la mort. Bêtise, pulsion, opportunisme, naïveté, haine, vengeance, frustration, peur, faiblesse
Quest-ce qui les motive ainsi dans leur acharnement à écraser lautre, à conserver un quotidien misérable pour des trajectoires de vie guère honorables ?
Les individus, ici, sont moches, détestables souvent minables et correspondent à lénergie savoureuse de ce roman noir. Entre alcoolisme, pauvreté, mesquinerie, pingrerie et solitude, ces hommes et ces femmes souffrent. Le flottement moral et idéologique imposé par le régime de Vichy sous lombre de IIIe Reich libère la violence prédatrice des Hommes. Ces personnages ont tous un lien entre eux, souvent sans en avoir conscience. Les fils connectant ainsi ces particules humaines dessinent un monstre affreux, cynique, un monstre que lon appellerait Humanité.
Frédéric Bargeon ( Mis en ligne le 20/12/2013 ) Imprimer | | |