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Fin d’une enfance
David Mitchell   Le Fond des forêts
L'Olivier 2009 /  23 € - 150.65 ffr. / 473 pages
ISBN : 978-2-87929-612-8
FORMAT : 14,5cm x 22cm

Traduction de Manuel Berri
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. «Souvent, je me dis que les garçons ne deviennent pas des hommes. Les garçons sont juste pris dans un masque d'homme en papier mâché. Et des fois, on le voit encore derrière, le garçon»... Cette phrase donne bien le ton du beau roman de David Mitchell.

Le héros, Jason Taylor, a 13 ans ; il vit une «enfance privilégiée», entre des parents attentifs, une soeur aînée, Julia, un peu irritante mais qui, somme toute, l'aime bien, dans une belle maison d'un paisible village anglais, Black Swan Green (qui donne son titre au roman paru en Angleterre en 2006). Mais derrière cette façade brillante, il y a tout le reste : le bégaiement terrible qui survient au pire moment, malgré l'aide bienveillante de l'orthophoniste, les disputes entre les parents, et surtout la difficulté à trouver sa place à l'école entre les caïds et les nazes, l'amitié un peu honteuse avec Dean Moran qui ferait plutôt partie des «nazes», le trouble que lui inspire la fille/garçon manqué Dawn Madden, le tout dans une Angleterre thatchérienne sur fond de guerre des Malouines.

Jason a son jardin secret : il écrit des poèmes sous le nom d'Eliot Bolivar, poèmes qui sont publiés dans la revue paroissiale : mais impossible de le dire à quiconque, il serait immédiatement ridiculisé ! De la même façon qu'il ne peut partager avec personne ses plaisirs de lecture (science fiction et fantasy, puis, grâce à madame Crommelynck, Le Grand meaulnes).

Cette année entre 13 et 14 ans va être longue, très longue... Il découvre le poids des secrets, leur puissance de destruction, la fragilité de ce que l'on croyait établi pour toujours. Mais c'est aussi l'année des initiations, des premières fois : le premier baiser, le premier vrai acte de courage, la découverte des autres, de tous les autres, des gitans au fond de la forêt, de la vieille dame qui habite une maison perdue et qui a le don de rebouteuse et le guérit d'une entorse lui permettant de repartir debout, de l'originale Madame Crommelynck qui le confirme dans sa vocation de poète et lui apprend à s'affirmer ; naïf au début, il se construit progressivement et reconnaît la mesquinerie des uns, l'originalité des autres, la bonté discrète. Du haut de ses 13 ans, Jason apprend cette année-là à sortir de l'enfance. Il faut dire que les adultes de son entourage l'y aident aussi de façon efficace, chacun à sa façon, parfois brutalement, parfois avec bienveillance.

Autour, la vie dans l'Angleterre de 1982 : les derniers disques vinyle, la peur du chômage, le conformisme, la femme du pasteur - qui ici est une peste absolue ! -, l'épicerie hors du temps, l'école avec uniforme et prières du matin, les fish-and-chips, les weetabix et les cocktails aux crevettes ; tout un monde qui paraît immense au début du livre, comme la forêt voisine, mais qui va se rétrécir au fur à mesure que le héros grandit et le cerne mieux. Tout comme, tout au long de cette année remplie d'épreuves, il apprend à dominer son bégaiement, à déjouer le «pendu» qui l'empêche de prononcer convenablement, à affronter ses peurs.

Un beau roman sur la fin de l'enfance, la difficulté de la communication à tous les niveaux : bégaiement du héros, silences et non-dits en famille, expériences de l'école et des relations avec les autres adolescents impossibles à partager avec le monde des adultes, les relations entre les gitans et les villageois, la hiérarchie sociale impitoyable qui ne se laisse jamais oublier, la désinformation autour de la guerre des Malouines, etc. A travers le récit du narrateur, on pénètre doucement, par touches, dans toute une société à une époque pas si lointaine : 1982...

L'occasion de découvrir David Mitchell (qui a passé son enfance, lui aussi, dans un village du Worcestershire, Malvern) en lisant par la suite Écrits fantômes (recueil de nouvelles, Points Seuil) ou son roman précédent, assez différent : Cartographie des nuages (éditions de l'Olivier).


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 22/04/2009 )
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