| Douglas Coupland JPod Au Diable Vauvert 2010 / 22 € - 144.1 ffr. / 521 pages ISBN : 978-2-84626-221-7 FORMAT : 13cm x 19,8cm
Traduction de Christophe Grosdidier. Imprimer
Votre premier grand débat public portait sur les mérites comparés de Windows 95 et 98 ? Vous attendez toujours que Steve Jobs soit cloué sur une croix numérique par Microsoft et quil ressuscite au bout de trois clicks ? Alors vous êtes un geek, et Douglas Coupland est votre Balzac, votre Hugo et votre Zola tout à la fois ! Et il vient de sortir un nouveau roman, JPod mélange harmonieux de Microcerfs et de Toutes les familles sont psychotiques. Les fans savent déjà à quoi sen tenir et se précipiteront sur le nouvel opus, mais pour les nouveaux venus, une petite mise à jour simpose.
La galerie des personnages de JPod est un bon test machine : Ethan, le narrateur, employé chez JPod, boite de jeux vidéo située à Vancouver, à mi chemin du hippie et du moine zen, mi tranxen, mi otaku
Sa mère, un peu dealer, un peu mère juive, un peu assassin, un peu lesbienne
Son père, acteur médiocre et séducteur opportuniste, mais danseur mondain de compétition
Son frère, promoteur immobilier sans scrupules
Ses collègues, une galerie de geeks dans leur habitat naturel (ie : en open space avec un distributeur de boissons), composée de Mark (le maléfique), Cow Boy, John Doe, Kaitlin
et enfin Kam, le copain chinois, mafieux, trafiquant de tout et de nimporte quoi, pourvoyeur dincongruités, agent du destin
et également danseur mondain. Et puis on croise aussi des bikers, des cadres surmenés, des cadres toxicos, des cost killers, des spécialistes dépressifs du marketing en jeux vidéo, Douglas Coupland lui-même
Le monde vu et subi par des geeks, une plongée dans un univers à mi chemin de lautisme et de la cour de récré
où tout peut arriver (mais où rien nest vraiment grave : on enterre les cadavres avant de les déterrer, on importe des immigrants clandestins chinois ou bien on exile un cadre amoureux au fond de lAsie
). Un objet littéraire improbable, qui joue de la typographie et des mots pour décrire le quotidien incongru et les conversations planantes dune bande dinformaticiens vaguement obsessionnels, en charge dun jeu vidéo idiot, et plus largement préoccupés de records débiles et de jeux stupides. Un must en somme.
Il y a quelques années, Douglas Coupland, révélé par son Génération X, sessayait au roman reportage et, après trois mois passés chez IBM, publiait Microcerfs, un journal de bord au milieu des geeks, journal halluciné, au style percutant, déconstruit, jouant de la typographie et de lhumour nonsense pour relater le quotidien dinformaticiens maniaques
Avec JPod, on a désormais la version romancée de Microcerfs, une vision encore plus délirante et caricaturale - le quotidien des nerds vu par les monthy-pythons - qui confirme, sil en était besoin, limmense talent de lauteur de Toutes les familles sont psychotiques.
La lecture simpose : louvrage se dévore comme un paquet de chips pendant une partie de MMORPG
cest dire combien il est chouette. Les fans de Coupland sy retrouveront avec plaisir, et pour les autres, cest le moment de découvrir lenvers du clavier.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 01/02/2010 ) Imprimer | | |