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La mort avant tout
A-L Kennedy   Tauromachie
L'Olivier 2010 /  19 € - 124.45 ffr. / 186 pages
ISBN : 978-2-87929-691-3
FORMAT : 14cm x 20,5cm

Traduction de Paule Guivarch
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On pourrait croire que ce livre parle de corrida et uniquement de corrida. En fait, il parle de la mort et uniquement de la mort. D’une façon réfléchie, intellectualisée et en même temps juste ressentie, et, curieusement, d’une façon non triste. L’écriture d’A-L Kennedy est juste, pleine d’humour, avec de la distance par rapport à ce qu’elle est et à ce qu’elle écrit. Elle est honnête aussi et nous fait part de ses doutes et de ses errances avec humilité ; elle sait de quoi elle parle pour avoir voulu quitter la vie et ne pas avoir pu ou su le faire, circonstances qu’elle raconte avec un détachement drôle.

Écrivain sur le déclin, on lui demande un livre-découverte sur la tauromachie et elle se plonge dans cet univers avec intérêt et exhaustivité. Elle nous livre avec précision le monde tauromachique, sa technique, son histoire, ses anecdotes, le déroulement d’une carrière, d’un élevage, d’une corrida, et détaille impitoyablement chaque vision de ce monde dont on ne connaît que les paillettes et dont chacun a pourtant une idée bien déterminée. Elle profite de chaque sujet abordé pour élever le débat, que ce soit en ce qui concerne la cruauté vis-à-vis des animaux, la xénophobie, la sensualité, le pouvoir de l’argent, la définition de l’art…

A ses yeux «la corrida est encore très proche de ses origines religieuses, c’est un rituel religieux en état de lente transition» ; Dieu est omniprésent, non seulement dans les superstitions mais dans les termes également : une «Véronique» est ainsi appelée parce qu’on tient la muleta avec le même geste que fit Sainte Véronique pour essuyer le visage du Christ ; et tant d’autres exemples…

C’est toute une réflexion sur notre chemin avant la mort et la manière de l’affronter, notre rapport à l’au-delà, notre foi, notre attitude face à la peur et à la souffrance, notre définition de l’amour. Bien des phrases sorties de ce contexte sont applicables à notre quotidien.

Son opinion favorable à l’égard de ce spectacle n’excuse en rien son horreur et si son humour s’amuse de toutes les situations, lorsqu’elle parle des taureaux et de leurs souffrances, rien n’est léger ; elle signe d'ailleurs là ses pages les plus émouvantes.


Dany Venayre
( Mis en ligne le 31/03/2010 )
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