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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Octave Mirbeau Les 21 jours d’un neurasthénique L'Arbre vengeur 2010 / 16 € - 104.8 ffr. / 414 pages ISBN : 978-2-916141-53-4 FORMAT : 11,5cm x 16,7cm
Préface d'Arnaud Vareille
L'auteur du compte rendu : Chargé d'enseignement en FLE à l'Université de Liège, Frédéric Saenen a publié plusieurs recueils de poésie et collabore à de nombreuses revues littéraires, tant en Belgique qu'en France (Le Fram, Tsimtsoum, La Presse littéraire, Sitartmag.com, etc.). Depuis mai 2003, il anime avec son ami Frédéric Dufoing la revue de critique littéraire et politique Jibrile. Imprimer
En 2008, lArbre Vengeur nous régalait en republiant dOctave Mirbeau Les Mémoires de mon ami. Cette fois, la récidive est plus volumineuse, puisque le catalogue déjà fort riche de cette maison dédition se rehausse des 21 jours dun neurasthénique.
Les amateurs de la «littérature énervée» y retrouveront le mordant et le trait décoché à bout portant propres à lauteur de Dingo. Pourtant, si luvre savère demblée enthousiasmante, elle nencourage pas au compagnonnage fidèle et risque de lasser si lon ambitionne de labsorber dune traite. Elle repose en effet sur un artifice quelque peu grossier, le cadre romanesque assez simpliste nétant là que pour accueillir une ribambelle de contes préalablement publiés dans divers journaux. Résultat : un narrateur pour ainsi dire absent et peu attachant, «prétexte» à introduire les historiettes qui lui ont été narrées, et une disparate quelque peu biscornue. Fort peu dépisodes en somme relèvent de lambiance de sanatorium attendue dès le titre (le décor planté est celui dune station curative ceinturée par les Pyrénées). Rien de commun donc entre Georges Vasseur et le Hanns Castorp de Thomas Mann
Passé cette mise au point quelque peu sévère, on ne pourra que recommander ce «Décaméron fou et ravageur» à ceux qui désirent découvrir le ton et le style uniques de Mirbeau. Quil sagisse danecdotes échangées entre gens sestimant de bonne compagnie ou de tranches de vie prélevées à même la couenne du bourgeois, le talent y est réparti à dose identique. Le chapitre V, consacré à la famille Tarabustin, est en loccurrence un sommet du genre en matière de caricature féroce. Hilarant !
Une remarque, applicable à cet ouvrage comme à tous ceux que LArbre Vengeur confectionne : la qualité de sa préface. Jadis, dans lédition 10/18 des 21 jours, la tâche incombait à Hubert Juin, qui livrait une analyse léchée, axée sur la réception critique du texte. Arnaud Vareille plonge quant à lui au cur du processus créatif mirbellien, il pénètre les ressorts de cette construction complexe, afin de montrer que le roman offre «au-delà de [sa] bouffonnerie, une véritable esthétique de luvre ouverte, dune écriture à la signification fluctuante, nécessitant un travail actif de mise en perspective et dinterprétation».
À escalader par la face sud, vers les cimes de lironie
Frédéric Saenen ( Mis en ligne le 19/07/2010 ) Imprimer
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