| Luana Monteiro L’Extase de Sao Mercùrio Mercure de France 2011 / 23 € - 150.65 ffr. / 228 pages ISBN : 978-2-7152-3130-6 FORMAT : 14cm x 20,5cm
Traduction de Jean-Pierre Aoustin Imprimer
Le réalisme magique, cest un style, un souffle, un continent aussi : Borges, Garcia Marquez et son Cent ans de solitude
Si le genre a été décliné, avec talent, par quelques plumes européennes, il semble toutefois que lAmérique latine soit sa terre de prédilection, et cette série de nouvelles de Luana Monteiro le démontre une fois de plus.
Le point de départ est larrivée, aérienne, pluviale, et donc surréaliste, dun poisson multicolore dans Jatoba, une bourgade située dans une zone si aride quune pluie annuelle semble une bénédiction. Le poisson, forcément miraculeux, se met à réaliser des prodiges, renvoyant rapidement la population à ce sage précepte : êtes-vous sûr de vouloir vraiment ce dont vous rêvez ?
Et de là, on suit la trace du poisson et de ses merveilles : il entraine un jeune prêtre dans la forêt amazonienne et dans une double quête de justice sociale et de chamanisme bien tempéré ; il croise la route dun mort, redevenu vivant, et qui attend de lalchimie une consolation définitive, voire un paradis. Et dans la foulée, on fait également la connaissance dAntonio, coq de village aux ambitions politiques qui, par bravade, décide de se lancer dans la carrière de héros de guerre. Ou encore de Chloé, trop belle, trop facile, comme possédée par le désir, et qui parviendra finalement, après un épisode candomblé à vertu psychanalytique, à concilier son démon intérieure et son âme immortelle. Autant de récits centrés sur des personnages simples, dont les pas croisent, par moments, le bizarre ou le surnaturel, dans la trace dun poisson multicolore.
Et la poésie, surtout la poésie inhérente au genre, est bien là : de petites nouvelles, courtes, écrites dans une langue colorée, rythmée, des textes comme portés par une musique douce, qui, tranquillement, nous mènent dans le Pernambouc, dans des villages perdus ou au cur de la forêt équatoriale : les gens y sont simples, accueillants, et rien ne les étonne, surtout pas les miracles ou la magie : un monde à découvrir, et un auteur qui révèle, dans ce premier livre, un authentique talent, et un souffle quil faut guetter.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 20/04/2011 ) Imprimer | | |