L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

Vivre après...
Georges-Arthur Goldschmidt   L'Esprit de retour
Seuil - Fiction et cie 2011 /  17 € - 111.35 ffr. / 155 pages
ISBN : 978-2-02-103842-2
FORMAT : 14cm x 20,5cm

L'auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, professeur certifié en Lettres Modernes. Enseignant à Casablanca, il est Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University). Auteur de Hervé Guibert, vers une esthétique postmoderne (L’Harmattan, 2007), spécialiste de l’écriture de soi dans la littérature contemporaine, il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org.
Imprimer

L’Esprit de retour, titre du dernier roman de Georges-Arthur Goldschmidt, pourrait s’interpréter comme une volonté de l’auteur de revenir aux principales questions qui hantent son œuvre. En grand écrivain qu’il est, il creuse en effet le même sillon, fouille les mêmes plaies, les mêmes tourments, traque les mêmes obsessions depuis son premier roman, Un Corps dérisoire, publié il y a quarante ans et récemment réédité aux Presses Universitaires de Lyon (2011, coll. «Autofictions, etc.»).

L’histoire ici racontée est encore la sienne. Le personnage principal a beau être un hétéronyme de l’écrivain – mais son nom, Arthur Kellerlicht, l’éloigne autant de la figure auctoriale qu’il l’en rapproche – et emprunter les voies d’une narration à la troisième personne – il en était déjà ainsi dans Le Recours (Verdier, 2005) –, on reconnaît rapidement l’itinéraire de Georges-Arthur Goldschmidt, celui d’un orphelin, «jeune Allemand d’origine juive mais de confession protestante […] contraint de fuir l’Allemagne nazie».

Après s’être réfugié dans un pensionnat en Haute-Savoie pendant la Seconde Guerre mondiale, Arthur vient s’installer à Paris pour y suivre des études de Lettres. Il loge, comme un signe, dans un hôtel du nom de Jean-Jacques Rousseau. Un signe, car Arthur avait lu le troisième livre des Confessions, «stupéfait que Rousseau, bien qu’écrivain mondialement connu, se soit livré, tout comme lui, au même péché et à la même imagerie».

C’est dans ce parallèle à Rousseau – plus précisément avec ce que Les Confessions nous disent de sa sexualité (masochisme, exhibitionnisme…) – que se trouve le cœur de l’ouvrage. Ce qui hante Arthur, c’est sa culpabilité, celle ressentie à cause de sa sexualité naissante, de la volupté qu’il éprouve à être puni pour avoir été découvert «raidi, livré à l’Interdit» : «sa honte ne se voyait plus et pourtant elle lui encombrait la poitrine, lourde et creuse à la fois». Et cette «perversion», source de honte, est aussi ce qui donne à Arthur le sentiment que «la vie valait pourtant d’être vécue».

Une autre des fractures explorées est celle de la langue. «Elle était à ce point hors des choses normales, cette langue, qu’on l’avait tout simplement écartée. Lui la portait en lui comme une maladie honteuse». La langue allemande dont on parle ici est en même temps pour Arthur sa langue maternelle et celle «à jamais associée au vert-de-gris» de ceux qui avaient attenté à sa vie. L’Allemagne, quant à elle, représente à la fois le pays de l’extermination et celui «des lapins de Pâques et de l’infinie tendresse dont les Allemands avaient si souvent honte».

De retour dans son pays (cf. le titre du roman), Arthur sera confronté à ses tensions intérieures, à ses déchirures intimes. Et la césure identitaire ressentie traduit dans un même mouvement – c’est là une des forces du livre – les tourments d’un sujet qui sont aussi ceux de l’Histoire : «Cette Allemagne dont il ne parvenait pas à se débarrasser le tenait malgré lui, elle lui livrait les grands élancements, sans frein, les intensités poétiques rythmées par le début de la cinquième symphonie, telle qu’il lui semblait l’entendre retentir des haut-parleurs au dessus des camps de concentration»…


Arnaud Genon
( Mis en ligne le 22/06/2011 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Celui qu'on cherche habite juste à côté
       de Georges-Arthur Goldschmidt
  • Un enfant aux cheveux gris
       de Georges-Arthur Goldschmidt
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd