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Les bateaux ivres
Jean-Louis Magnon   Les Hommes du Canal - Canal du Midi, XIXe siècle. Trois familles, trois clans, trois barques glissent inlassablement de la Garonne à la Méditerranée s
Albin Michel 2001 /  19.08 € - 124.97 ffr. / 328 pages
ISBN : 2-226-12207-9
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Depuis Colbert, de Toulouse à Sète en passant par Carcassonne et Béziers, le Canal du Midi fait vivre des générations de bateliers. Dans le sillage des barques et des tartanes qui glissent inlassablement de la Garonne à la Méditerranée, Les Hommes du Canal nous invitent au voyage.

Trois familles, trois clans, dominés par la figure du patriarche: les Jourdan, les Aubanel et les Cambon. Leurs trois barques, l'Angélique, la Désirée et la Jolie, chargées des produits de la terre nourricière, l'huile, le vin et le blé, sont des protagonistes à part entière. Erotisées, métaphores de la femme, elles font écho à Caroline, Elodie ou Juliette. Les femmes des bateliers sont des Pénélopes dévouées et fidèles, les filles ont cette sensualité immédiate des jeunes filles en fleurs, tentatrices, comme Rose "La Belle", qui marivaude avec Etienne Aubanel.

Le temps s'égrène. Les quatre parties sont scandées par les saisons. Un réseau d'antithèses structure l'espace du récit: discontinuité et continuité, condition humaine et pérennité du flux de l'eau, manichéisme entre l'éthique des bateliers et l'arrogante cupidité des affairistes, incarnée par Odilon Rigal, tradition et modernité…

La succession des Régimes - Napoléon puis Louis XVIII - est bien dérisoire. L'eau, elle, est omnipotente, absolue. Fécondité de l'été, stérilité de l'hiver. Le Canal, souvent généreux, est parfois hostile. L'eau, symbole de vie, charrie aussi la mort. Le désespoir du vieil Aubanel, dont la barque agonise, prise dans l'étau des glaces du Canal, fait penser à la déréliction du Roi Lear. Présence discrète du tragique, dimension héroïque de ces nochers de l'Eternité, le roman est une véritable odyssée.


Lyazid Hamroune
( Mis en ligne le 14/06/2001 )
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