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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Josef Skvorecky Une chouette saison
Gallimard - Du Monde Entier 2011 / 23.50 € - 153.93 ffr. / 328 pages
ISBN : 978-2-07-012634-7
FORMAT : 14,1cm x 20,5cm
François Kérel (Traducteur)
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Josef kvorecký est né en 1924 à Náchod en Tchécoslovaquie (aujourd'hui République tchèque) et a fait ses études secondaires dans sa ville natale. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il poursuit des études de médecine puis de philosophie à l'université Charles de Prague, travaille dans une maison d'édition, puis rentre en 1956, comme rédacteur à la revue Littérature mondiale.
Le talent et l'irrévérence de kvorecký lui valent l'attention des communistes au pouvoir. Son premier roman est interdit et le second, Les Lâches, lui coûte non seulement son travail mais toute possibilité de publication pendant des années. La Légende d'Emöke, écrite en 1958, ne sera publiée qu'en 1963, et son premier roman, La Fin de l'âge de Nylon, ne verra le jour qu'en 1967. L'invasion des chars soviétiques en août 1968 vient à bout de la résistance et Josef kvorecký émigre au Canada.
Installé à Toronto avec son épouse Zdena Salivarová, il décroche un poste de professeur de littérature à l'Université de Toronto jusqu'en 1990. En 1971, le couple fonde la maison d'édition 68 Publishers qui se spécialise dans la publication des auteurs tchèques exilés ou réduits au silence, dont Václav Havel. Josef kvorecký sera lui-même un des principaux auteurs de cette maison d'édition,. L'Ingénieur des âmes humaines reçoit le Prix du Gouverneur général du Canada. Son roman Scherzo capriccioso connaît un certain succès et après la chute du Rideau de fer en 1990, kvorecký peut retourner dans son pays d'origine. Il y reçoit de nombreuses décorations pour son soutien aux écrivains tchèques dont un remis par le Président Václav Havel (mort récemment hélas) en 1990. Il est nommé membre de l'Ordre du Canada en 1992 et est nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres de la République Française en 1996. Il a publié encore L'Escadron blindé (1969) et Miracle en Bohême (1972) sera préfacé par Milan Kundera
Une chouette saison reprend sur un mode léger la passion de Josef kvorecký notamment pour le jazz. Le roman se passe durant le protectorat allemand de Bohême-Moravie à Kostelec. Danny et ses amis ont d'autres choses à penser que le fait que les nazis occupent leur ville. D'abord et en premier, les filles, ensuite le jazz. Et si, un jour, Danny décide de jouer les fiers-à-bras face à loccupant, ce sera pour épater Irena, avec ses jolies fossettes et ses jambes lisses
A ce titre, ce roman est un peu "scandaleux", non pas parce que le héros est un Don-Juan en herbe ou un petit libertin mais parce que le titre et toute l'épopée de Danny Smirický n'ont pas pour but de combattre ouvertement l'ennemi nazi. Il y a ici, comme chez Kafka ou Kundera, une volonté de ne pas s'inféoder à l'esprit politique (ou tragique) en général, de réduire sa vie à une idéologie de droite ou de gauche, comme si au fond, le fait de se retrouver face à un contexte "horrible" comme l'occupation nazie obligeait à oublier les filles et le jazz... ou d'autres choses. Même sous le pire des régimes, disait Milan Kundera dans Les Testaments trahis, on ne peut pas réduire son existence en disant "C'était horrible !" de l'époque sous laquelle on vit, soit-elle la pire car on a aussi connu ses amis, ses amours et d'autres joies existentielles qui sont au-delà de la politique. Réduire sa vie à la politique, c'est justement s'inféoder à l'esprit politique et totalitaire par définition en croyant s'opposer à un tel régime en apparence. Le titre Une chouette saison prend toute son importance alors que nous sommes sous le régime nazi. Voilà donc un réel scandale pour les esprits politisés que ce roman léger et fin qui se met à badiner non seulement avec les filles mais avec l'esprit de sérieux.
Danny Smirický aime donc le jazz et les filles. Ses visées amoureuses (Irena, Marie, Karla-Marie, Kristýna ou Alena) échouent de peu car il n'est pas facile de parvenir à séduire et à coucher avec les filles, surtout quand on est encore un collégien et qu'on est un peu maladroit. Parfois (et souvent) les filles se montrent farouches ou jalouses (il faut dire que Danny a «plusieurs fers sur le feu» et jongle comme il peut avec les mots pour ne pas se mélanger les pinceaux), parfois les parents veillent au grain, ou il subit durement les lois de la concurrence. Bien sûr dans un roman d'inspiration d'Europe centrale avec cette culture ironique, la maladresse consubstantielle à l'être humain fait partie de l'aventure.
Ecrit dans un style simple et sans ostentation, Une chouette saison est un roman délectable, au ton amusé, et doucement frivole.
Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 23/01/2012 )
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