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Books, sex and socialism ?
David Lodge   Un homme de tempérament
Rivages 2012 /  24.50 € - 160.48 ffr. / 706 pages
ISBN : 978-2-7436-2291-6
FORMAT : 14cm x 20,5cm

Martine Aubert (Traducteur)
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D’Herbert Georges Wells, on ne garde en mémoire que l’auteur un peu suranné de La Guerre des mondes, de L’Homme invisible, de L’Île du docteur Moreau et de La Machine à explorer le temps… Autant d’ouvrages pourtant révolutionnaires, qui découvraient au public un genre neuf, la Science fiction, et des thèmes devenus des classiques (l’invasion extra-terrestre, l’invisibilité, les manipulations génétiques…).

Mais voilà, c’était il y a un siècle ! Des ouvrages majeurs, désormais transposés par Hollywood sur grand écran et qui sont, par voie de conséquence, un peu oubliés dans leur version papier. Les amateurs se souviendront peut-être de ses réflexions sur la guerre future et les dangers des bombardements aériens, mais qui a encore en tête ses théories politiques (il est l’un des inspirateurs du socialisme anglais via la Société Fabienne) et ses discours en faveur des droits de la femme ou de l’amour libre ? Penseur singulier dans une Angleterre encore victorienne en diable, Wells figure une sorte de météore dans le monde littéraire anglo-saxon, qui connaît une gloire rapide et durable, ainsi qu’une aisance manifeste, sans être au préalable passé par les étapes du cursus honorum (et notamment Oxbridge). Un homme nouveau, porteur d’idées nouvelles… et un séducteur, amateur de femmes, défenseur de l’amour libre et d’une certaine autonomie au sein du couple (qui ne va pas jusqu’à l’égalité complète entre mari et femme en ce domaine !). Celui qui, à plusieurs reprises, transpose ses visions utopiques dans ses romans, a passé aussi beaucoup de temps à tenter de vivre une vie sentimentale en accord avec ses principes… à moins qu’il n’ait multiplié les aventures. Passant de femme en femme, au gré de ses désirs (et en fonction de la bonne volonté de ses diverses épouses), Wells s’avère un observateur subtil des hypocrisies sociales de son temps.

Le roman trouve HG Wells au soir de sa vie, en plein blitz, soliloquant sur ses exploits passés, ses rencontres… et peu à peu, le texte vire à l’interview, oscille entre récit, interrogation et débat. De son enfance pauvre et difficile à sa vieillesse rythmée par les crises de couples de ses enfants et la chute des V2, HG Wells est une sorte de défi tranquille aux conventions, aux usages, un témoin engagé, un militant, un écrivain inspiré, un mari volage (mais honnête), un homme de tempérament !

Et il fallait, pour lui rendre hommage, une plume qui sache appréhender, derrière l’écrivain parvenu, institutionnalisé, académisé, l’homme à l’imagination riche, à la culture vaste, à la raison conquérante. David Lodge, l’un des plus talentueux écrivains anglais, spécialiste du monde des universitaires et de leurs tourments variés (depuis la très épique Chute du British Museum, jusqu’à l’excellent Thérapie, en passant par la trilogie de Rummidge et autres chefs-d’œuvre) s’y est attaqué. Cela donne cet Homme de tempérament qui, sans réduire Wells à un prétexte pour narrer la fin de la société victorienne, fait de lui le héraut, solitaire, d’une société encore à venir.

Elle semble bien loin, l’université de Rummidge et tous ses enseignants dont David Lodge observait les mésaventures sentimentales parfois incongrues avec bonheur… Bien trop loin même, tant ce nouvel ouvrage s’avère différent des récits habituels de l’écrivain et universitaire britannique. Cette biographie – sur le mode d’une interview romancée – ressemble plutôt au premier roman d’un professeur de littérature doué, tenté par la prose, qu’à l’aboutissement d’une œuvre romanesque très réussie, pleine d’humour et de dérision.

Cette vie politique, sentimentale et sexuelle d’Herbert G. Wells, si elle a les séductions d’une solide monographie universitaire, s’avère en effet assez plate. Certes, le style Lodge est là, délié, clair, fin, analytique et spirituel. Herbert passe d’Isabel à Jane, puis à d’autres, revenant par moment à Isabel… A ses côtés, on pénètre dans les secrets des alcôves victoriennes, on participe aux rituels tourmentés de la séduction, on se régale de quelques sympathiques parties de jambes en l’air, on frissonne aux émois du bourgeois installé, de l’écrivain en quête de sens, ou de l’homme mûr resté vert… Les joutes amoureuses sont ponctuées par les combats politiques, au sein des Fabiens et du socialisme à l’anglaise, les mondanités dans une société encore très hypocrite, les rencontres intellectuelles. On cause féminisme, amour libre, égalitarisme et élitisme.

C’est le portrait d’une époque où l’Angleterre était encore l’atelier du monde, et HG Wells y officiait dans les bureaux de Recherche et Développement. Un roman prétexte à une belle page d’histoire. Mais la sauce ne prend pas vraiment : c’est une bonne biographie, un solide tableau historique, mais un Lodge sans saveur.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/03/2012 )
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