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Les rues de l’enfance, à Gracia
Juan Marsé   Calligraphie des rêves
Seuil - Points 2013 /  7,90 € - 51.75 ffr. / 411 pages
ISBN : 978-2-7578-3156-4
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication frança!se en janvier 2012 (Christian Bourgois)

Jean-Marie Saint-Lu (Traducteur)

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Beau titre. À nouveau, Juan Marsé a choisi la fiction, la rêverie et la poésie pour transformer l'impensable défaite de «no pasarán» en représentations non seulement supportables mais souvent belles et attachantes. Réminiscences ou cauchemar récurrent ? Par le biais de fictions ancrées sur les souvenirs douloureux, l'auteur nous entraîne à nouveau au lendemain de la guerre civile auprès des vaincus de la suprématie franquiste dont les crimes à l'heure actuelle non reconnus ne cessent de torturer sa mémoire.

Calligraphie des rêves s'inscrit à la croisée des faits politiques et d'une luxuriante création imaginaire nourrie de délicates touches oniriques. Elle a pour cadre les rues de l'enfance à Gracia, tout près du parc Güell, ancien quartier pauvre de Barcelone, aujourd'hui «branché». Dans un bar, marchand de vin au verre, au litre ou au tonneau, comme il en existe encore quelques-uns ignorés des touristes, se noue une large part de l'intrigue. 1945 : la vie s'organise au quotidien, malgré le dénuement, la honte et les rancœurs devant l'iniquité érigée en raison d'État.

Entre un père raticide officiel, secrètement subversif et anticlérical affiché, une mère complice, aide soignante dévouée dans un hospice de vieillards, tous deux chaleureux mais très occupés, Ringo allias Juan, un enfant sensible et solitaire, scrute le monde des adultes à travers le prisme de ses fantaisies passionnément cultivées dans les salles obscures. Dans le livre comme dans la réalité, tenu par les contraintes économiques de renoncer à ses aspirations artistiques, il s'engage à treize ans dans l'apprentissage de la joaillerie.

Au poids du narcissisme blessé et de la quête identificatoire s'ajoute la confusion des sentiments à peine adolescents devant les ardeurs supposées de la grosse voisine, madame Mir, et le fessier fougueux de Violeta, sa disgracieuse fille. La curiosité pour ce que cache les jupes des filles, sans encore oser les relations tarifées, donne lieu à un scénario fellinien d'une étonnante vitalité. Une dimension cependant plus complexe se révèle sous ce premier niveau de lecture lorsqu'on sait que Madame Mir, à la fois pute et soignante, épouse de phalangiste et soeur de résistant, se meurt d'amour pour un certain Monsieur Alonso, lequel... Chut ! Il faut le lire pour le croire.

L’œuvre de J. Marsé a souvent été comparée à juste titre au travail de joaillier qui a été le sien, au vu de sa façon très personnelle d'entailler la matière brute des mots, laminée jusqu'à transparence, et de l'orner des fils du rêve. Le présent ouvrage se distingue plutôt par la facture cinématographique des images et la précision horlogère de sa composition en quinze petits scénarios très imagés, quasi sonores, en première apparence dissociables les uns des autres, porteurs chacun d'un contenu et d'un rythme singulier. Leur engrenage se révèle comme autant d'énigmes insoupçonnées au fur et à mesure de la lecture, suivant un schéma extrêmement élaboré.

Belle performance. Cependant entre la gravité du sujet et son mode de traitement se crée un décalage : «Mourir à Barcelone», ou plutôt mourir d'amour à Barcelone peut paraître dérisoire. À travers des dialogues souvent lourds et affectés, le mélodrame recouvre ici le drame, l'essentiel s'efface au profit de l'anecdote. Contrairement à ceux des précédents ouvrages et bien qu'ils bénéficient d'un magnifique éclairage derrière une vitre embuée ou le voile d'une fumée bleue, les personnages victimes par ricochet de la grande tragédie suscitent un intérêt modéré. Nous avons lu du meilleur Marsé.

Calligraphie des rêves est le quinzième roman en partie autobiographique de ce grand écrivain et scénariste catalan, censuré et salué à plusieurs reprises : Prix Biblioteca Breve 1965, Planeta 1978, Juan Rulfo 1997, Cervantès 2008. Écrits en espagnol, la plupart de ses livres sont traduits en français.


Monika Boekholt
( Mis en ligne le 18/03/2013 )
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