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Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Je veux rentrer à Vukovar… | | | Ivana Bodrozic Hôtel Z Actes Sud - Textes balkaniques 2012 / 21,80 € - 142.79 ffr. / 224 pages ISBN : 978-2-330-01272-4 FORMAT : 11,6 cm × 21,8 cm
Christine Chalhoub (Traducteur) Imprimer
Ivana Bodrozic est née en 1982 en Croatie. Elle a écrit de nombreux recueils de poésie très remarqués. Pour son premier roman, Hôtel Z, elle décrit le quotidien dune famille croate arrachée à sa ville (Vukovar) en 1991 pour échouer à Zagreb, dans lhôtel éponyme, au début de ce quon continue pudiquement dappeler «le conflit yougoslave». Plus quun roman de guerre, cest le roman du quotidien dune famille, dont le père a disparu pendant lassaut de Vukovar par les milices serbes.
Les problèmes qui se posent à cette famille sont ceux de tout le monde, adolescence tourmentée pour la jeune narratrice, conflits avec le grand frère, dépression de la mère qui espère vainement le retour de son mari sans pouvoir tourner la page. Mais plus que tout, cest lattente qui va cristalliser toutes les difficultés vécues par cette famille : attente dun signe de vie du père, dont on nest pas sûr de la mort, attente dun appartement décent pour vivre une vie «normale», attente du retour hypothétique à Vukovar, attente des réponses aux multiples lettres écrites à la «commission au logement», au ministre puis au président croate
Le roman, en grande partie autobiographique, nous rend de façon précise et minutieuse tous les moments si difficiles à vivre pour ces déracinés pris dans une guerre qui les dépasse, comme toutes les guerres dépassent leurs victimes innocentes. La langue utilisée est celle dune jeune fille, qui raconte au jour le jour les mille et un tourments de leur vie de réfugiés, comme on le ferait dans un journal intime. Avec une grâce et un humour qui font souvent paraître légers les moments si rudes que sa famille a vécus, la jeune narratrice nous fait tour à tour sourire et pleurer sans jamais nous lasser.
«Quand on est arrivés, cétait un magnifique début dautomne. Il y avait plein de monde, plein de bruit, cétait le chaos total. A laccueil de lancienne école des cadres du Parti, lEcole en bref, alias hôtel Zagorje comme certains lappelaient, les gens se disputaient et se bousculaient. Chacun réclamait à cor et à cri qui une pièce de plus, qui une chambre au premier étage à cause des enfants, ou du mari qui allait revenir, ou dun autre droit quelconque mais qui justifiait de vociférer. Nous, on se tenait un peu à lécart» (p.39).
Michel Pierre ( Mis en ligne le 10/12/2012 ) Imprimer | | |
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