| Lian Hearn La Maison de l’arbre joueur Gallimard 2013 / 21.90 € - 143.45 ffr. / 506 pages ISBN : 978-2-07-013560-8 FORMAT : 15,5 cm × 22,5 cm
Philippe Giraudon (Traducteur) Imprimer
Tsuru est la jeune fille cadette de Yunosuke Itasaki, médecin dans un village du domaine de Choshu. Une fille aimée, qui par ailleurs officie aux côtés de son père et apprend, officieusement, la médecine. La famille est unie, respecte les lois et les usages, mais sinquiète, comme tous les Japonais, des transformations en cours
Car on est en 1857, le Japon a été sommé par les Occidentaux de souvrir au monde, et les canonnières européennes et américaines ont abordé, avec dans la foulée des vaisseaux de commerce. La vieille société, féodale, tenue par les shoguns Tokugawa et les samouraïs, est en train de vaciller, non seulement du fait des Occidentaux, qui voudraient faire du Japon, comme de la Chine, un comptoir, mais également à cause de forces internes. En effet, lempereur profite de la situation pour tenter de ressaisir un pouvoir qui lui avait été en partie confisqué par les shoguns. Lère Meiji débute, avec la confrontation, parfois violente, entre les idées neuves venues dOccident et la tradition.
Cette tradition, Tsuru la subit sans plaisir : partagée entre son envie de découvrir, elle aussi, les merveilles de lOccident, et notamment la science médicale, et son respect des coutumes, la jeune femme hésite. Mais lhistoire, bientôt, choisit pour elle : mariée à un jeune homme ambitieux, comptable devenu médecin, elle part pour Shimonoseki, là où les Européens arrivent. Pour découvrir le spectacle de la guerre, la guerre à loccidentale, dans un Japon où les tensions politiques menacent de dégénérer en guerre civile. La modernité arrive au galop, brutalement : Tsuru saura-t-elle survivre à cette révolution ?
De Lian Hearn, on connaît le cycle du Clan des Otori, une histoire de capes et dépées dans un Japon fantastique, avec samouraï, ninja et conflit de familles
une saga haute en couleurs, pleine de bruit et de fureur. Ce nouveau roman tranche donc, à plusieurs titres, avec la série précédente. Changement de décor et découverte de lère Meiji, cette transition, brutale, entre la féodalité et la modernité ; changement de format également, pour un récit dun seul tenant, qui nattend pas de suite.
Sinon, les amateurs du Clan des Otori retrouveront avec plaisir une plume très inspirée par lhistoire japonaise, ils entreront dans les demeures, assisteront aux drames dune société qui vacille, attachée à ses coutumes mais envahie par le monde occidental
Le souffle des Otori est présent, autour cette fois dune héroïne partagée entre ses aspirations et ses devoirs. A travers le prisme de la médecine, et de la rencontre entre deux civilisations et deux cultures, on suit lhistoire de Tsuru et, au-delà, de la société japonaise plongée dans la guerre civile. Le récit est plus réaliste, et par le biais de la science médicale ou plutôt des sciences médicales, asiatique et occidentale , il emmène le lecteur au cur des conflits, à la fois militaires et culturels.
La plume est aisée et même si lon se perd parfois dans la galerie des personnages (notamment historiques), le roman se laisse lire, prenant de lampleur dans chaque partie, depuis le simple portrait dune famille dans un village de province, au récit dun conflit et dune révolution inexorable. Un ouvrage qui plaira aux amateurs de Lian Hearn, et, plus largement, à ceux que la civilisation nippone fascine, et qui sintéressent à cette période singulière que fut lère Meiji.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 25/03/2013 ) Imprimer
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