| . Einzlkind Harold Actes Sud - Lettres allemandes 2013 / 20 € - 131 ffr. / 238 pages ISBN : 978-2-330-02501-4 FORMAT : 11,6 cm × 21,8 cm
Isabelle Liber (Traducteur) Imprimer
Philosophe vivant en Allemagne, lauteur de Harold écrit sous le pseudonyme de Einzlkind. Le roman est traduit dans cinq pays.
Sous une raison fallacieuse, Harold vient dêtre viré. Après dix-sept ans de maison au rayon charcuterie, on conviendra que la chose est difficile à accepter, dautant plus que Carol, son ennemie intime, celle du rayon des fromages, va joliment se réjouir. Dune timidité qui confine à la pathologie, perdu dans les transes dune angoisse multiple et irrésistible, Harold ne peut que se résigner en silence à ce nouveau coup du sort.
Il faut bien dire que, dépressif chronique, une fois par mois environ, Harold sentraîne à se pendre dans le hall de son immeuble. Parmi les locataires, il nen est pas un seul qui ignore le fait et la chose est acceptée par tout un chacun avec une certaine philosophie. Ainsi, Harold renouvelle fidèlement sa tentative infructueuse toujours au même rythme et avec le même sérieux, sans jamais se décourager. Il a mis parfaitement au point lémission du râle final et en est assez content. Par habitude, il achète toujours ses cordes chez le même quincailler du quartier, un homme dont le sérieux nest plus à prouver.
Et voilà quune femme, une presquétrangère, vient ajouter à son tourment en lui confiant, sans coup férir, la garde de Melvin, son petit garçon de onze ans, pour une quinzaine de jours. Melvin est plus ou moins né de père inconnu et cette situation inconfortable ne lui convient absolument pas. Aussi, profitant de labsence de sa mère, vat-il décider de partir à la recherche de son géniteur, utilisant pour ce faire les talents de chauffeur dHarold. Cest au volant dune mythique Saab 900 quils vont tous deux parcourir le Royaume Uni. On se doit cependant de dire quHarold na pas conduit depuis une bonne vingtaine dannées mais il ne saurait résister aux injonctions dun petit garçon aussi déterminé que lest Melvin.
Curieux, cet enfant auquel rien ne fait peur. Surdoué et parfaitement conscient de lêtre, Melvin ne craint rien et surtout pas laventure
ce qui, est-il besoin de le dire, nest pas le cas dHarold. Dans les bars louches où lentraîne sa quête, le petit garçon nhésite pas à affronter des malabars psychopathes et, entre deux caramels mous dont il est friand, il entraîne Harold dans des courses poursuites qui font envisager à celui-ci limmigration dans un pays lointain. Et, du grand bourgeois paternaliste au boxeur que lon découvre encore vierge, en passant par un homosexuel en deuil de son lapin nain qui, soupçonnet-on, sest suicidé, les pères espérés de Melvin se succèdent
Le ton est donné dès la première ligne et lon se trouve plongé dans une odyssée irrésistiblement drôle, de cet humour très anglais qui ressemble, semble-t-il, à celui de Jerome k Jerome. Le sérieux papal qui procède à lécriture emporte des éclats de rire. Jouissif !
Anny Lopez ( Mis en ligne le 09/12/2013 ) Imprimer | | |