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A la recherche d'une nouvelle humanité?
Maurice G. Dantec   Laboratoire de catastrophe générale - Le théâtre des opérations T.2
Gallimard - Blanche 2001 /  22.44 € - 146.98 ffr. / 756 pages
ISBN : 2-07-076267 X
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Dissipons tout malentendu : Laboratoire de catastrophe générale n’est pas un journal intime. Point d’états d’âme dans ce texte foisonnant, qui semble n’avoir ni commencement ni fin, mais une dissection et une tentative de dépassement du nihilisme contemporain que diagnostique l’auteur. En guettant le surgissement d’un nouveau stade de l’humanité, Dantec cherche à jeter les bases d’une nouvelle métaphysique, estimant que les bouleversements scientifiques récents provoquent des basculements de paradigmes.

L’idée générale : la forme achevée de la modernité, telle que nous la connaissons aujourd’hui en occident, est sur la pente d’une décadence mortelle. Dantec traque et fustige toutes les formes du nihilisme postmoderne conduisant à l’abandon de la souveraineté créatrice. Il vomit la démocratie, l’égalitarisme, l’humanisme, toutes notions nées des Lumières et mortes en 1918, pourvoyeuses selon lui des dialectiques mortifères que nous continuons aujourd’hui à subir, et qu’il juge à jamais dépassées. L’humanité doit opérer une mutation, une synthèse disjonctive lui permettant de s’inventer un futur en exploitant la richesse des héritages du passé. Mais Dantec n’adopte pas pour autant une attitude "révolutionnaire" ou "réactionnaire". Il estime que seule une approche "évolutionniste" est viable. Le capitalisme marchand doit continuer à régner outrageusement, jusqu’à épuisement, engendrant des cataclysmes d’où surgira une nouvelle humanité, une humanité surhumaine issue de cette dialectique du chaos. Dantec n’est pas un prophète de la fin : pour lui, ces bouleversements représentent une promesse. On est très loin des prédictions millénaristes.

Il est difficile de rendre compte d’un livre aussi tentaculaire. Littérature et philosophie, sagesses anciennes et technologies nouvelles, histoire des civilisations et chroniques rock… Le Dantec diariste fait profession d’éclectisme. Certains lecteurs resteront dubitatifs face à la virulence du propos, face aussi à une pensée qui va à l’encontre des certitudes de l’homme moderne occidental. Les allusions à l’homme nouveau, le rejet de la démocratie bourgeoise ou le dénigrement de la "décadence" évoquent immanquablement le fascisme, mais il serait trop simple de voir en l’auteur un fasciste new look. Son procès en "réaction" n’aura servi qu’à montrer la pauvreté des arguments du politiquement correct face à toute spéculation intellectuelle non conformiste. A la pensée unique, qui n’est pas toujours celle que l’on croit, Dantec oppose une pensée singulière - c’est le moins que l’on puisse dire.

Certes, Dantec n’est pas un universitaire, il ne procède aucunement selon les méthodes du chercheur. Mais au nom de quoi lui refuserait-t-on de traiter de métaphysique ? Sa critique de la modernité est cinglante et il faudrait une bonne dose de mauvaise foi pour nier la pertinence de nombre de ses fulgurances. Dantec est marqué par Nietzsche, aussi bien dans sa réflexion que dans son style, mais aussi par Deleuze, Foucault, Debord et Joseph de Maistre. Il n’est pas à la mode : il pourfend le "despotisme démocratique" (qui mène à l’abandon de la souveraineté, et donc de la liberté), l’égalitarisme, le sectarisme, les cours pénales internationales ( pitoyables copies humanitaires du tribunal de Nuremberg), l’ONU, l’anti-mondialisme (les rebellocrates de Contestation Incorporated), le relativisme culturel, "l’utopie techno-beauf". En revanche, il proclame son admiration pour Drieu la Rochelle et souhaite que les criminels de masse puissent se voir infliger la peine de mort. Lorsqu’il prend position à chaud sur des sujets d’actualité, son style est si violemment polémique, voire injurieux, qu’il évoque celui des pamphlets de l’entre-deux guerres. Mais, s’il est un adepte de la philosophie à coups de bazooka, Dantec fait preuve du minimum que l’on puisse exiger d’un homme qui s’adonne au libre exercice de la pensée : l’honnêteté intellectuelle.


Olivier Cleuet
( Mis en ligne le 12/11/2001 )
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Ailleurs sur le web :
  • Un entretien de Maurice G. Dantec avec Frédéric Grolleau sur le site Amazon.fr
  • Lire un extrait de cet ouvrage sur le site des éditions Gallimard
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