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Morceaux choisis
Yves Pagès   Souviens-moi
L'Olivier 2014 /  14 € - 91.7 ffr. / 107 pages
ISBN : 978-2-8236-0425-2
FORMAT : 13,0 cm × 18,5 cm
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On a tous présent à l’esprit Je me souviens de Georges Perec et sa magnifique interprétation au théâtre par Sami Frey (doublée d’une jolie performance cycliste). Cette nostalgie, dont Yves Pagès s’est sans doute inspiré, nous concernait tous, chacun retrouvant une partie de sa vie dans cette énumération, alors que Souviens-moi est exclusivement personnel. C’est une autobiographie non exhaustive, fragmentée dans le fond et dans la forme, qui dévoile peu à peu, avec dérision et mélancolie, la vie d’un homme dont les souvenirs, parfois pénibles, sont toujours susurrés.

La forme choisie s’apparente aux poèmes : il s’agit de strophes plus ou moins longues (mais, comme l’auteur le fait remarquer, dépassant toujours les 140 caractères de Twitter), qui ont la particularité de n’être écrites que d’une seule phrase. Cela donne une syntaxe quelquefois alambiquée, et l'on admire le talent de l’écrivain, qui, malgré cette gageure, réussit à rendre le texte fluide et compréhensible. Le fond s’apparente aux poèmes également, dans l’élégance, le détachement, le survol des sentiments laissant place à l’imagination. Nulle chronologie, les souvenirs affluent, les époques se mélangent, le décès de ses parents revient par petites touches, tant la tristesse est encore présente.

Ce n’est pas un livre gai sur le fond, bien que l’écriture soit finement humoristique, et malgré le plaisir qu’on a à parcourir ces strophes, on ne peut se retenir de penser que cet homme a désenfoui beaucoup de moments amers d’une vie plutôt rebelle, attiré par des causes sans rêves dont il parle d’un ton sombre et radical, en étendant de temps en temps cette radicalité à des causes qui ne le méritaient pas.

A noter, en illustration de couverture, le parallèle judicieux entre l’escalier du musée Guggenheim de New York, vu d’en-bas, parsemé d’enfants, et le cheminement tortueux de la mémoire qui mène aux souvenirs d’enfance.


Dany Venayre
( Mis en ligne le 23/04/2014 )
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