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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Thomas Sandoz Malenfance
Grasset 2014 / 14,50 € - 94.98 ffr. / 158 pages
ISBN : 978-2-246-85161-5
FORMAT : 11,8 cm × 18,8 cm
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Écrivain suisse du Haut-Jura, Thomas Sandoz, pour son sixième roman, nous fait découvrir les aventures d’un Petit Poucet des temps modernes qui doit retrouver sa maison après maintes embûches.
Avril 1978 ; le cercueil de Charlie Chaplin a été volé, les Brigades Rouges ont enlevé Aldo Moro, et Israël gagne l’Eurovision : Pouce est un gamin de onze ans, mélomane et grand lecteur qui vit en Suisse. Il aperçoit un chaton blessé dans les traverses au milieu de la gare où il doit prendre son train de banlieue, prend l’animal, rate son train et doit trouver lui-même un moyen de rentrer chez lui. L’épopée dure de la fin de la matinée jusqu’au lendemain matin à l’aube.
Pouce saute dans un autre train au hasard, poursuit sa route dans un bus, à vélo puis à pieds, il traverse des forêts sombres avec des dangers réels ou imaginaires, au rythme haletant de sa course contre la montre et de ses angoisses. Il doit rentrer à temps pour ne pas peiner sa mère, figure menaçante dont il espère toujours être aimé. «Maman n’aime pas quand il brille. Il deviendra fantôme s’il le faut. Se faire oublier, le meilleur moyen pour lui plaire à nouveau» (p.106).
Pouce n’est qu’un surnom, l’auteur s’attache plus au parcours de l’enfant et à son comportement qu’à sa véritable identité. Le gamin, lui, se laisse happer par des souvenirs qui l’amènent dans l’imaginaire (odeurs, bruits) grâce à la lecture.
Le roman est construit comme un millefeuille composé de trois strates : le retour de l’enfant chez lui avec les paysages, les souvenirs de sa vie de famille puis les lectures réconfortantes. Son voyage devient cauchemardesque avec la nuit, les figures dangereuses dans le train et dans la forêt. Mais il veut se débrouiller tout seul et sauver le chaton, et à aucun prix décevoir sa mère : «il faut qu’il soit rentré à temps avant que Maman ne s’inquiète» (p.15). Il ne comprend pas pourquoi elle l’aime moins que quand il était petit, enfant surprotégé d’une mère mezzo-soprano à succès et d’un père luthier-ébéniste. «Il était encore leur trésor et Papa n’avait pas encore peur qu’elle s’en aille» (p.78). Les relations entre les parents ont évolué dans le mauvais sens ainsi que les rapports parents-enfant. Ces conflits familiaux poussent le garçon à avoir une mauvaise vision de la réalité. Sa vie est une grande souffrance autour de laquelle se construit le récit.
On pense à une réinterprétation du Petit Poucet ; l'enfant se perd dans la forêt, sème ses piécettes comme des petits cailloux et entend ses parents parler entre eux pour régler les problèmes. Thomas Sandoz évite d’expliquer la fiction : il propose une histoire au lecteur qui l’interprètera comme sa liberté et sa sensibilité le lui indiquent. Il mène un double récit, le périple de l’enfant et le drame familial dans un texte à la fois violent et poétique, la poésie de l’enfance et la violence des adultes.
Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 28/04/2014 )
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de Thomas Sandoz | | |
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