| Caroline De Mulder Bye bye Elvis Actes Sud - Domaine français 2014 / 20 € - 131 ffr. / 284 pages ISBN : 978-2-330-03594-5 FORMAT : 11,6 cm × 21,7 cm Imprimer
Un roman intriguant de Caroline de Mulder, jeune auteure belge (née en 1976) dont on avait remarqué Ego Tango (Champ Vallon, 2010). Bye bye Elvis alterne les chapitres, souvrant sur la description dElvis, embaumé, dans son cercueil : «12h05, à son retour à Graceland, personne ne le reconnaît. Il a gonflé de partout, on dirait un noyé, après un long séjour dans leau, à trinquer, à boire la tasse». Mais peu importe, les fans sont innombrables à son enterrement, comme les couronnes de fleurs, même si de celles-ci ne restera rien que poussière piétinée.
Caroline de Mulder reprend dans un chapitre sur deux les dernières années dElvis, qui na plus rien de la star triomphante, redevient un enfant apeuré, difforme, entouré/séquestré par son entourage, accro aux médicaments, rassuré par la seule présence de «Ginger Alden, dix neuf ans, ancienne Miss sécurité routière», présence quelle naccorde quavec parcimonie jusquau moment où il est endormi. Puis elle remonte le temps, doucement, fait revivre le King à ses débuts, dans sa gloire, succès sur scène, échecs intimes le rideau tombé. Elle remonte le temps à la recherche dune clé, quelle propose aux lecteurs.
Les autres chapitres racontent une autre histoire : la narratrice, Yvonne, jeune veuve sans moyens, est embauchée par un étrange vieillard, John White, énorme, boursouflé, généreux et coléreux, excessif et excessivement fatigué : «John White cétait un magasin de porcelaine dans un éléphant. Il déplaçait la boutique précautionneusement, à tout petits pas et en sappuyant sur sa canne pour bien équilibrer. Il manquait sans cesse de trébucher, au moindre mouvement tutoyait le désastre. Mais même quand il ne bougeait pas, le pire était à craindre. Le pire a fini par arriver. Dun coup». Qui est vraiment John White auprès de qui Yvonne passe vingt ans, attendrie, émue, et détachée en même temps, relation complexe de dépendance réciproque ?...
Deux histoires indépendantes ? Celle dElvis, celle de John White. Ou pas ? Un roman bref, bien écrit, qui tient le lecteur en haleine, roman de la déchéance attendue, de la mort libératrice.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 01/09/2014 ) Imprimer | | |