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La COP21… et après ?
Gilles Boyer   Un monde pour Stella
JC Lattès 2015 /  19 € - 124.45 ffr. / 347 pages
ISBN : 978-2-7096-4461-7
FORMAT : 13,8 cm × 22,5 cm
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Nous recevons tous pléthore d’informations ponctuelles et thématiques sur les questions environnementales, qu’elles traitent du recyclage des ordures dans nos communes ou de la fonte de la calotte glacière. Mais il est rare que ces informations nous soient toutes présentées sur le même plan, comme indissociables les unes des autres.

C’est pourtant cette vision d’ensemble du développement durable qui devrait prédominer aujourd’hui : comment penser l’écologie sans penser la démographie, l’économie, ou la société ? Dans Un monde pour Stella, Gilles Boyer nous offre cette vision globale des enjeux environnementaux mondiaux et nous invite, au fil des pages de ce roman d’un nouveau genre, à nous questionner sur nos modes de vie et notre manière de voir le monde, tout en esquissant des solutions qui n’ont rien d’idéologiques.

Il part du principe largement partagé aujourd’hui qu’il y a urgence à sauver notre planète, et fait de ce constat objectif le fil directeur d’une histoire qui se déroule en 2045 : autant dire demain... Le monde qu’il brosse n’est guère différent du nôtre, sinon que la population mondiale est passée de 7 à 9 milliards d’êtres humains, que la pauvreté et les inégalités sociales et géographiques se sont encore accrues, et que les dérèglements climatiques dus au réchauffement de notre planète ont entraîné des catastrophes naturelles en chaîne.

C’est sur cette toile de fond chaotique, dont notre réalité d’aujourd’hui est déjà une esquisse, qu’évoluent des personnages hauts en couleurs et attachants, dont la motivation principale est de trouver dans l’urgence des solutions pour qu’un avenir soit possible pour les milliards d’hommes qui peuplent la Terre. Esther Andersen, jeune économiste d’origine danoise ayant étudié à Harvard et enseignant au MIT – héroïne qui n’est pas sans rappeler Esther Duflo, et peut-être Inger Anderson, représentantes emblématiques de l’économie du développement –, est par ailleurs le porte-parole de l’ONG One Planet qui développe et publie les mesures appropriées à prendre pour assurer le développement durable de la terre. C’est dans ce cadre, et à la suite de la rupture d’un barrage fluvial en Chine ayant causé la mort de plusieurs millions de personnes, événement déclencheur, qu’Esther est discrètement contactée par les dirigeants des nations chinoise et américaine afin qu’elle préfigure dans un délai très court ce que pourrait être une Organisation mondiale indépendante, à laquelle toutes les nations délègueraient la régulation environnementale de la planète.

Car les Présidents chinois et américains, avec des parcours politiques certes différents mais s’étendant tous deux sur les trente années précédentes, pensent qu’il sera impossible de «soigner la terre» tant que chaque nation se soumettra à ses seuls intérêts économiques et à la pression des lobbies de puissantes entreprises. Et comme la célébration du centenaire de l’Organisation des Nations Unies, qui doit se dérouler une quinzaine de jours plus tard, est politiquement et diplomatiquement le moment le plus approprié pour convaincre les dirigeants du monde du bien fondé d’une telle décision, c’est le délai qu’ils donnent à Esther Andersen pour qu’elle leur remette ses conclusions.

C’est bien peu de temps pour qui doit imaginer le champ d’action, la gouvernance et les moyens d’une organisation supranationale. Mais le sujet n’est pas nouveau : les enjeux sont déjà bien connus puisqu’ils sont régulièrement évoqués au niveau international depuis la Cop21 de 2015. Afin de saisir au mieux et au plus vite tous les éléments qu’elle doit considérer, Esther décide de se rendre sur le terrain, c’est-à-dire, un peu partout dans le monde, du Nigeria à la forêt amazonienne en passant par le Sahel et le grand nord canadien. Elle y rencontre des spécialistes qui lui expliquent, projections scientifiques à l’appui, les contraintes démographiques, les problèmes causés par la déforestation ou encore les effets de la pollution industrielle sur la biodiversité.

A chaque voyage, elle est saisie par le même désordre naturel et humain dont elle est témoin et éprouve le besoin d’écrire à sa fille Stella, âgée de 13 ans, non pas pour lui parler de ce monde qu’elle lui lèguera un jour (le sujet est implicite) mais pour lui faire part d’anecdotes tirées de son propre passé (notre présent). Ces lettres, sortes d’incises au récit principal, nous offrent le recul nécessaire à la prise de conscience humaine des enjeux qui se jouent dans le cadre du développement durable, et sont à ce titre très précieuses.

Le rythme du roman est soutenu et la lecture haletante : on suit Esther dans ses multiples voyages, on reçoit avec elle les projections pessimistes et néanmoins réalistes des experts, et l’on comprend comme elle que le développement durable est lié à tous les domaines du développement humain. Tout à son importance et rien ne doit être négligé. Ainsi, le recul de la pauvreté mondiale, la vaccination systématique, le progrès de la parité hommes-femmes ou la généralisation de l’éducation sont pour l’écologie et le développement durable tout aussi importants que la réduction des gaz à effet de serre qu’on nous présente souvent comme le sujet majeur des questions environnementales.

La lecture de ce roman, qui a le double avantage d’être instructif et extrêmement agréable à lire, nous donne les clefs de la compréhension de l’équilibre de la planète. Ce serait peu dire que le livre est convainquant : arrivé à sa fin, on n’aura de cesse de le faire lire, à nos enfants, à nos amis et aux amis de nos amis. Plus largement, il serait salutaire que nos élèves de lycées le lisent : parce qu’il leur plairait, mais aussi et surtout parce que ces élèves, ce sont les Esther de demain.


Rachel Lauthelier-Mourier
( Mis en ligne le 27/11/2015 )
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