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Déserts
Sherko Fatah   Otages
Métailié - Bibliothèque allemande 2017 /  21 € - 137.55 ffr. / 288 pages
ISBN : 979-10-226-0696-7
FORMAT : 14,1 cm × 21,6 cm

Olivier Mannoni (Traduction)
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Sherko Fatah, né en 1964 à Berlin-Est d’un père kurde irakien et d’une mère allemande, connaît bien le Moyen Orient ; il nous propose ce dernier roman, admirablement traduit par Olivier Mannoni, qui se déroule dans le désert irakien, dont l'auteur a une vue d’ensemble et une connaissance intime.

Dès le début de l’invasion américaine, après être passé par la Jordanie, Albert, Allemand venu par hasard aider à la reconstruction du musée national irakien grâce à une bourse d’étude sur les pillages des musées, est arrêté avec son interprète Osama. Fils d’un communiste pur et dur, Albert part à la recherche de sa propre histoire en Irak et les clés d'une vie est assez chaotique.

Les œuvres d’art en Irak et puis en Syrie font l'objet de trafic, comme les tablettes mésopotamiennes, souvent avec la complicité de l’occupant. Les trésors antiques sont écoulés à l’étranger contre des billets verts. Osama, adolescent, a participé à ces trafics d’œuvres millénaires, puis il a trahi son ami Abdul qui, devenu Emir, est le chef de ses ravisseurs sunnites.

Les deux prisonniers rêvent d’évasion, surtout Albert, inconscient des difficultés et des menaces de ce pays désagrégé. Osama comprend que leur intérêt est de rester soudés malgré les divergences de religion et de pensée, sinon les ravisseurs déchargeront leur fureur sur lui pour le punir de leur propre incompétence. Ils sont déçus car ils croyaient avoir enlevé un personnage très important pour demander une forte rançon, mais l’Allemand est du menu fretin pour eux. Ils le filment avec le drapeau noir comme le journaliste Daniel Pearl, Juif américain qu’ils ont ensuite décapité.

Conduits le long de pistes sans fin, se cachant dans des villas détruites, dans des villages pauvres acquis à la cause ou dans les caves, attachés, les deux hommes sont pris pour des traitres, l’un comme agent des Américains qui occupent le pays, l’autre comme assimilé aux occidentaux, ayant épousé leur façon de vivre, reniant la religion alors que Osama est musulman comme ses geôliers ; mais c’est un mauvais croyant qui travaille pour les étrangers, ce qui accentue leur mépris, et son cœur a déjà quitté le pays.

Les deux hommes se connaissent superficiellement mais depuis l’enlèvement leur relation a changé, chargée de rancœur pour Osama qui pense que son malheur est dû à Albert qu'il ne quitte pas même quand il en a l’occasion. Ils passent entre les mains de groupes fanatiques, soit chiites, soit sunnites, dans un pays en décomposition ou une multitude de petits chefs fait sa loi dans de nombreuses zones d’influence tenues par les milices. Tous font la guerre sainte à l’Occident, et ces deux prisonniers sont symboliques de leur lutte.

Leurs ravisseurs sont souvent des adolescents armés très violents, aux keffiehs palestiniens, qui les frappent, qui pourraient les abattre sur un coup de tête et qui leur donnent des ordres stupides. Attachés, menottés par des serre-câbles, les otages souffrent autant dans leur chair que dans leur esprit. Pour Albert, ils ne sont pas dans la main de Dieu : «Je ne veux pas heurter tes sentiments religieux, mais nous sommes entre les mains d’enfants armés dont les personnes chargées de l’éducation bricolent des bombes».

Abdul, chef de la Fraternité, va-t-il libérer les deux hommes ou les exécuter ? Quel est le sort qui leur est réservé pendant la fête religieuse de l’Achoura, eux qui se jaugent avec une approche différente et se découvrent pendant leur promiscuité. Ce roman, découpé en sept parties, propose un reflet fidèle de l’actualité, celle angoissante et terrifiante des prisonniers du Moyen Orient où la situation devient chaque jour plus dramatique. Sherko Fatah établit un parallèle entre l’Irak et l’Allemagne de l’Est, deux états éclatés.

Un récit très intéressant et utile pour connaître les imbrications politiques et religieuses dans la région, et mieux appréhender les pensées d’êtres humains privés de liberté. «La Mésopotamie n’est pas seulement occupée par des ennemis venus de l’étranger, elle est aussi infectée par des ennemis intérieurs, par tous les hérétiques qui, à la prochaine étape s’empareront du pouvoir».


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 13/09/2017 )
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