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Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Quand le destin frappe à la porte | | | Bernard Clavel La Retraite aux flambeaux Albin Michel 2002 / 13.92 € - 91.18 ffr. / 180 pages ISBN : 2226130977 Imprimer
Septembre 1944. Un petit village du Jura, traversé par le Doubs. Terrés dans leur maison, Ferdinand Bringuet, un cheminot à la retraite, et sa femme Maria observent fébrilement la débâcle des Allemands. Le sort de chacun nest jamais aussi incertain que dans cet entre-deux trouble qui nest plus véritablement la guerre, plutôt son agonie interminable. Soudain, des coups retentissent à la porte. Le hasard le destin ? - surgit dans la vie sans histoire des Bringuet en la personne dun sous-officier SS, au "visage denfant très maigre, la taille et la corpulence dun gamin de quinze ans". Ce dernier réclame un moyen de locomotion pour senfuir : une voiture... un vélo ferait aussi bien laffaire. Ferdinand Bringuet dabord obtempère, puis soudain, mû par on ne sait quel sentiment, se jette sur le jeune soldat.
Bernard Clavel, dans un style efficace et énergique même sil manque parfois d'un peu de finesse, parvient à recréer cette atmosphère équivoque de la guerre qui seffiloche, où les sentiments longtemps contenus sexpriment de façon à la fois exacerbée et désordonnée. Lhistoire se concentre ici sur quelques heures haletantes, dans la meilleure tradition du récit à suspense et à rebondissements. A en juger par l'aisance de lécrivain dans les dialogues, les jeux sur le rythme ou les portraits psychologiques ni trop complexes ni trop simples, on songe parfois à une mise en scène cinématographique.
Le roman nous révélera comment une histoire somme toute assez banale peut se muer insensiblement en tragédie. Lénorme et lincommensurable ne sont pas tant du côté des idées et de la grande Histoire que de celui de lévénementiel, voire de lanecdotique. En manière de clausule, le roman ne manquera pas de revenir sur le sort de chacun des personnages, nous dévoilant au détour dune page le secret de son titre. De même que Le Soleil des morts, ce texte résonne in fine comme un sourd et non moins violent réquisitoire contre la guerre, prolongeant les mots de Cioran cités en épigraphe : "Au jugement dernier on ne pèsera que les larmes."
Thomas Regnier ( Mis en ligne le 11/01/2002 ) Imprimer | | |
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