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L’Atlantique et le kitsch
Patrick Grainville   L'Atlantique et les amants
Seuil 2002 /  18 € - 117.9 ffr. / 288 pages
ISBN : 2-02-051667-5
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Eric et Léna sont en moto. Léna plonge dans l’eau... une devinette ? Non, le nouveau roman de Patrick Grainville. Pour évoquer la course folle de deux amants unis par un "serment du soleil", le romancier nous livre une ouverture qui, faute d’être éblouissante, a le mérite d’être efficace. Une prose martelée de phrases nominales plante un décor – celui des Landes – qui sera peu ou prou l’espace du roman. "Ils quittent la moto, escaladent la pente. (...) Ils se faufilent dans une brèche plus ferme. Et l’Atlantique éclate dans l’immense théâtre. Miroir géant. Sa clarté tonne comme une armée de canons."

Continuons. Léna aime l’eau. Elle surfe admirablement. Ce n’est pas le cas d’Eric, qui nourrit pour l’élément aquatique une phobie qui remonte probablement à l’enfance. "Eric n’était pas un mec maritime. Il n’aimait pas la mer. La tauromachie l’attirait, pas l’océan." Nous y sommes ! C’est le thème de la fusion-séparation des amants qui resurgit. Eric-Tristan et Léna-Iseult, version Biarritz, avec en prime la corrida : beau programme romanesque qui donnera lieu, on le devine, aux meilleurs effets. Car si Grainville ne tire pas de cette opposition un enjeu narratif (la fin du roman verra un Eric toujours aussi rétif à la flotte), il en exploite en virtuose les diverses potentialités esthétiques. La mer et ses mouvances, le taureau et sa robe sombre : le second a beau être solidement chtonien, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Cela donne, entre autres : "Orion (c’est le nom du taureau) apparut. Orion libre. Orion noir. La bête courait sur la surface de la mer, sur son azur illimité."

On l’aura compris, Patrick Grainville n’est pas Giono, ni même Michel Tournier. Inutile de dire que sa tentative de magnifier une histoire d’amour par une poésie des éléments est un échec. Le roman ne serait que plat, clinquant et finalement factice, si ne venait en outre s’y ajouter le mauvais goût. L’Eros grainvillesque en effet, comme pour être en phase avec une supposée évolution des mœurs, se voit pimenté de quelques petites perversions postmodernes : un peu de zoophilie, un zest d’amour vénal, sans oublier l’inévitable voyeurisme (il y en a toujours un pour tenir la chandelle) des laissés-pour-compte du sea, sex, and sun. On gardera un silence pudique sur l’exploitation romanesque qui est faite de ces différents thèmes et qui conduira l’intrigue vers un dénouement – il faudrait parler plutôt de micro-dénouements en vaguelettes – convenu et qui ne surprend guère.


Thomas Regnier
( Mis en ligne le 19/02/2002 )
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