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Nostalgie portègne
Julio Cortazar   L'Examen
Denoël - Denoël & d'ailleurs 2001 /  / 310 pages
ISBN : 2207252752

Traduit de l'espagnol par Jean-Claude Masson
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La veille d'un examen universitaire, quatre jeunes gens déambulent, la nuit, dans une Buenos Aires fantomatique, en compagnie d'un cinquième comparse, "le chroniqueur". Au fil de leur promenade et des "maté" bus dans les cafés, ils dissertent sur la philosophie, la musique, les tragiques grecs et la finitude de toute chose - à commencer par celle de l'amour.

Ecrit en 1950 mais publié trente-quatre ans plus tard, peu avant la mort de l'auteur, le premier roman de Julio Cortazar ne dépaysera pas la petite secte des inconditionnels de Marelle : le Paris sur lequel les personnages de ce livre-jeu sautaient à cloche-pied recèle le même potentiel fantasmatique que le Buenos Aires de cet Examen si longtemps ajourné ; les débats qui agitent les protagonistes revêtent la même patine existentialiste, mêlant l'éthéré au trivial, les citations érudites aux rengaines populaires, les inconstances de l'amour aux serments d'amitié. La narration s'y trouve elle aussi soumise aux mêmes entrecroisements périlleux, la chronologie adopte cette élasticité propre aux rêves. Et s'il souffre d'un formalisme trop appliqué auquel, paradoxalement, échappe la complexe architecture narrative de Marelle, L'Examen annonce les grandes nouvelles fantastiques de Cortazar, celles qu'il ancre dans l'histoire sanglante de l'Argentine de Peron. Ici, dans l'épaisse brume qui recouvre la ville et estompe le décor de ses rues, les personnages croisent une foule recueillie devant d'étranges ossements - ceux d'Eva Duarte ? -, de mystérieux champignons grimpent sur les façades comme le symbole de quelque mal insidieux... Petit à petit, la ville devient ce labyrinthe onirique évoqué par Cortazar dans ses Entretiens avec Omar Prego (Folio/Gallimard), réceptacle des espoirs et des angoisses de ceux qui s'y sont perdus. Erratique en apparence, la balade nocturne de Juan, Clara, Andrés et Stella prend la forme d'un parcours initiatique, répétition du "grand oral" qui, au matin, va sanctionner et sceller les destins.

Emouvant jusque dans ses imperfections, ce premier roman a, comme Les Faux-Monnayeurs de Gide auquel il fait songer, sa mise en abyme : le Journal d'Andrés Fava (Denoël). Dans sa forme théorisée, ce monologue d'un personnage de L'Examen tient finalement mieux la distance qu'à travers le filtre romanesque. Fava, double à peine déguisé de Cortazar, y livre ses réflexions sur l'acte d'écrire, l'impulsion créatrice, l'éternel conflit entre l'aspiration à l'absolu et les contingences du réel. Un étonnant abrégé de "philosophie cortazarienne" montrant la cohérence d'une pensée et d'une écriture qui allait donner, trente-cinq ans durant, quelques-uns des plus beaux textes de la littérature européenne.


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 14/01/2002 )
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