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D’Orphée en Sisyphe
Jean-Marie Soudey   Absurde
Serpent à plumes 2002 /  13 € - 85.15 ffr. / 140 pages
ISBN : 2-84261-305-8
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"Je ne l’oublie pas pourtant je ne saurais la décrire. Jusqu’au goût de sa peau que j’ai perdu le jour même de sa mort. Une photo que je conservais d’elle a disparu. Il ne reste que ce vide sombre, ce terrible néant au fond de moi. Comment était-elle. L’ai-je même rencontrée. Comme une chimère par moi soudain créée dont la soudaine disparition me remplit de vide. Et notre histoire, qu’est-elle devenue. Ma mémoire, comme mon rapport au monde, s’est altérée." Si nous citons un peu longuement le texte de Jean-Marie Soudey - passage qui mériterait à lui seul tout un commentaire - c’est dans la mesure où s’y trouve condensée une "poésie-réflexion" sur la mort, à la fois personnelle et universelle et qui se verra déployer dans l’espace du roman.

Un mot, peut-être, à retenir ici : celui d’altération. La mort de l’être aimé – en l’occurrence la femme du narrateur – provoque un effondrement, une déperdition du réel, proche à certains égards de ce que Breton appelait le "peu de réalité". Au volant d’une Jaguar, le père, accompagné de ses enfants (appelés "Petit Grand Garçon" et "Grande Petite Fille", peut-être en allusion au caractère éphémère de l’enfance), décide de tout quitter et de gagner la mer. Tous trois se retrouvent dans un village côtier empreint d’une atmosphère à la charnière entre le rêve et la féerie. "Quelque chose de poétique, ici, se passait", dit sobrement le narrateur en référence à un monde onirique où quelques "gens du cirque", venus à l’occasion se mêler aux gens du monde réel (mais où passe exactement la frontière ?), font valoir leurs talents comme autant de leçons de vie.

Il faudrait parler de la phrase de Jean-Marie Soudey, notamment de cet usage particulier de la relative, créant un effet de rallonge, à moins qu’il n’exprime une dilatation du temps : "La mer était belle dont je ne me lassais pas d’arpenter les contours" ; "le monde est fou qui a un sens", etc. Il faudrait dire deux mots des étranges rapports entre le narrateur et la réceptionniste, dont on ne sait au juste si elle est le double de la femme aimée (interprétation à laquelle le narrateur lui-même se défend de céder), l’allégorie de l’âme ou de la mort, on encore la force rédemptrice de la fiction. Quoi qu’il en soit, Absurde n’est pas, semble t-il et comme en témoignerait la dédicace, d’ordre autobiographique, il est davantage proche du genre de l’autofiction qui ne doit rien ou presque à la réalité événementielle, refusant désormais de limiter à celle-ci la complexité du réel.


Thomas Regnier
( Mis en ligne le 25/02/2002 )
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