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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Jean-Luc Payen Nécrologies
Zulma - Quatre-bis 1999 / 9.01 € - 59.02 ffr. / 218 pages
ISBN : 2-84304-081-7
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Cette fois, Jean-Luc Payen s'amuse. Et pourtant... sous le couvert d'une histoire "fantastique" savamment ficelée, avec cadavres variés, suspenses, et détails démoniaques, Nécrologies n'est-il pas aussi un livre de réflexion plus profonde sur l'écriture (le milieu des éditeurs et des critiques), sur la vie et sur la mort ?
Avec toujours la même rapidité et le même bonheur d'écrire, il nous entraîne cette fois à la suite de son héros sur la voie du crime. Assassinats peu ordinaires, qui étonnent l'assassin lui-même, puis lui permettent d'arriver à ses fins : accéder, au troisième étage de son journal, à la rubrique : "LIVRES". (Et réussir à publier un roman.)
En effet, Maxime Le Fur n'est chargé, au deuxième étage, que du "Carnet". (Mariages, naissances, surtout décès.) C'est lui qui trouve les formules des petites annonces.
En passant par hasard à l'angle de la rue de Vaugirard et de la rue Madame, Maxime entre dans l'ancienne boucherie devenue librairie spécialisée en livres rares et d'occasion. Il remarque, échoué là, un lot de cahiers cartonnés. Il en achète un. Sans savoir pourquoi. C'est le Cahier Noir.
En plus de son travail au "Carnet", il doit de temps en temps mettre à jour les biographies des auteurs en vue (pages qui nous font pénétrer dans les coulisses de la rédaction : "Ne jette jamais rien ! Un gars qui n'a rien publié depuis quinze ans.. soudain on ressort trois de ses livres d'un seul coup... on ne parle que de lui" ! Et pages qui permettent à Jean-Luc Payen de fabriquer des vies d'écrivains et des titres de livres qui sont pour le lecteur des clins d'oeils et un régal). Maxime décide donc d'utiliser son Cahier Noir pour noter des noms d'auteurs dont il compte préparer les nécrologies, qu'il peaufinera en secret, avec l'idée de les soumettre au troisème étage, le jour venu.
Seulement voilà : chaque fois qu'il écrit un nom dans le cahier noir, neuf jours plus tard, l'homme en question meurt. Maxime Le Fur se rend compte peu à peu que là est sa chance de faire publier des nécrologies, de monter au troisième étage, et de devenir lui-même un écrivain.
Pourtant, n'est-ce pas le cahier noir, objet magique, terrifiant, "avec ses pages blanches, brillantes sur lesquelles claquent en noir", les noms des victimes, qui mène le jeu ?
Je laisse au lecteur le plaisir d'avoir peur, d'aller et venir avec Maxime Le Fur dans les rues du quartier des éditeurs et des libraires, (lui toujours avec sa serviette de cuir), d'entrer boire des Piña Coladas au bar de la rue Jacob et des vodkas au Select, d'être ravi des mille détails de sa vie quotidienne - sans parler des coups de fils de sa maman - et de découvrir pourquoi "l'assassin" sent brusquement "un vide strié d'épingles occuper sa boîte crânienne" et "les épingles se planter une à une derrière ses yeux". Ses transes d'écrivain de "romans d'épouvante" ne l'empêchent pas de remarquer "un petit nuage blanc, rond comme une éponge" qui traverse le cadre de sa fenêtre ; ni un vol de papillons dans les hautes herbes ; ni de faire l'amour, ni d'admirer la nuit bleue sur le Pont des Arts.
Après la traversée d'enfers variés et de cauchemars où l'imagination de Jean-Luc Payen se déchaîne, Maxime Le Fur sera-t-il publié ? Quel sera le bouquet final ?
Vivette Perret
( Mis en ligne le 08/10/1999 )
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