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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Monica Ali Sept Mers et Treize Rivières Belfond 2004 / 20.60 € - 134.93 ffr. / 460 pages ISBN : 2-7144-3953-5 FORMAT : 14 x 23 cm
Traduit de langlais par Isabelle Maillet Imprimer
Difficile de démarrer une carrière de romancière sous de meilleurs auspices ! En effet, avant même la parution officielle de son premier roman, Brick Lane (titre anglais de Sept Mers et Treize Rivières) en 2003, Monica Ali était choisie par le jury du prestigieux magazine Granta pour figurer dans sa sélection des 20 meilleurs auteurs britanniques de la décennie.
De père bangladais et de mère anglaise, la jeune femme na pas longtemps vécu à Dacca où elle est née en 1967. Fuyant la guerre civile qui éclate en 1971, sa famille regagne alors définitivement lAngleterre. Cependant, les souvenirs du père bercent lenfance de la petite fille, ainsi nourrie dune double culture. Source denrichissement ou de mal-être selon les cas, ce phénomène suscite outre-Manche une abondante littérature. Tout comme Hanif Kureishi ou Zadie Smith dans son premier roman White teeth (Sourires de loup en français), Monica Ali exploite donc le thème de lAngleterre multiraciale et des difficultés rencontrées par les immigrés de la première et de la deuxième génération. Elle apporte un regard différent, empreint de distance. «Ce quon ne peut pas changer doit être enduré. Et comme rien ne pouvait être changé, il fallait tout endurer. Ce principe gouvernerait son existence. Cétait à la fois un mantra, un état desprit et un défi.»
Laissée pour morte à sa naissance et remise entre les mains de Dieu par sa mère, Nazneen, le personnage principal de Sept Mers et Treize Rivières, survit contre toute attente. Cet épisode façonne le caractère de la fillette et la conduit à accepter sans broncher quelques années plus tard le mariage arrangé que son père lui impose. Nazneen quitte sa province du Bangladesh et part pour Londres épouser Chanu. Seule dans la tour de sa cité, la jeune femme ne ressent au départ guère dattirance pour ce mari de 20 ans son aîné, trop bavard et souvent un peu ridicule. Chanu accumule diplômes et certificats dans lespoir, malheureusement absurde, que son savoir lui permettra de gravir les échelons de la société britannique. Le seul lien que Nazneen conserve avec le pays natal sont les lettres quelle échange avec sa sur. Hasina, elle, a choisi laction et sest enfuie avec son amant pour échapper à un destin similaire, sattirant lopprobre public et le rejet familial. Au fil des années, Nazneen, devenue mère, senhardit, se fait des amies, prend un amant et shabitue en fin de compte très bien à lAngleterre, suivant en cela une trajectoire inverse à celle de son mari qui, ne se voyant pas reconnu à sa juste valeur, se réfugie dans lespoir dun retour au pays. Sa vision idéalisée du Bangladesh contraste avec la réalité de la vie dHasina qui paye au prix fort sa volonté dindépendance dans une société qui bafoue de manière intolérable les droits de la femme.
Si Monica Ali dénonce les tares et faiblesses bangladaises, elle sait également montrer du doigt les injustices et le racisme anglais, étudiant avec minutie le phénomène complexe de lacculturation. Sept Mers et Treize Rivières foisonne didées, mises en scène avec sensibilité et tendresse. La critique anglophone a voulu voir en Monica Ali une nouvelle Zadie Smith. Le compliment, quelque peu empoisonné, encourage à la comparaison. Sur lintelligence du propos, Monica Ali rejoint sans conteste Zadie Smith. Son style, en revanche, ne possède pas le même caractère flamboyant. Elle ne joue pas avec la langue comme le fait sa consur, mais lutilise sans grande originalité. Cest, sans doute, le seul reproche que lon peut adresser à ce roman, par ailleurs excellent.
Florence Cottin ( Mis en ligne le 04/10/2004 ) Imprimer | | |
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