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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Richard Adams Les Garennes de Watership Down Flammarion 2004 / 21 € - 137.55 ffr. / 411 pages ISBN : 2-08-068691-7 FORMAT : 16x24 cm Imprimer
Watership Down est, depuis plus de quinze ans, un véritable phénomène de société anglo-saxon. Publié discrètement en Angleterre au début des années 1970, cest avec la force de frappe dune maison dédition comme Penguin Books quil devient à partir des années 1980 un best-seller vendu à plusieurs millions dexemplaires, adapté depuis en dessin animé. Flammarion sert de passerelle à larrivée en France de ce monstre éditorial. Mais, vingt ans après le début du tsunami, à une époque où un sorcier lui aussi so british a provoqué un raz-de-marée mondial autrement plus impressionnant, luvre de Richard Adams narrive-t-elle pas chez nous trop tard ?...
Les lois de limmobilier sont impitoyables, surtout pour des lapins. Chassés sans préavis de leur garenne par un panneau annonçant un chantier prochain, Cinquain et Noisette font partie dun groupe fuyant la garenne natale pour trouver un nouveau lieu de vie : lExode façon longues oreilles et quenottes, en somme ! Car cest très certainement lampleur mythologique de cette épopée qui a fait le succès du roman : en choisissant très originalement dimplanter dans une société lapine son récit, Richard Adams refaçonne un système social avec ses institutions (virant parfois, pour certaines communautés, à la rudesse fascisante), sa religion et ses mythes, son économie, sa sémiotique (toute une langue est esquissée au fil du récit)
Comment lidée est-elle venue à monsieur Adams ? Tout simplement en voulant proposer à ses enfants, lors descapades dans la campagne anglaise, des histoires susceptibles de les émerveiller. Mais la richesse de lhistoire en fait plus un conte moral pour adulte quune bedtime story, à la lecture parfois laborieuse tant lunivers imaginé est riche et les rapports entre les protagonistes, durs.
En outre, si le lapin est, sondages à lappui, lanimal préféré de nos voisins doutre-Manche, peut-être sa moindre popularité sous nos latitudes explique-t-elle que la mayonnaise prenne moins de ce côté, plutôt latin, du Channel, où les épopées dinsectes laborieux mais peu prêteurs, depuis La Fontaine jusquà Werber, marchent mieux : de belles sociétés rationnelles et hiérarchisées cadreraient-elles mieux avec la patrie de Descartes que les errements de rongeurs à travers les champs verdoyants de la perfide Albion ?! Affaire à suivre
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 13/12/2004 ) Imprimer | | |
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