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Jubilatoires japonaiseries
Asuka Fujimori   Mikrokosmos
Flammarion 2005 /  18.90 € - 123.8 ffr. / 400 pages
ISBN : 2-08-068679-8
FORMAT : 14 x 21 cm
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«L’histoire officielle, qui n’aime guère s’encombrer d’entorses au sens commun, consiste à inventer une belle et honorable fable mise en forme par des éléments irréfutables, passant sous silence tous les autres événements parasites. Tout ce qui n’est pas accrédité par la version définitive, tout ce qui n’est pas étayé ou conforme, se voit immédiatement relégué au rang de rumeur.» Dans Mikrokosmos, son second roman, Asuka Fujimori préfère de toute évidence broder autour de la rumeur, laissant libre cours à une imagination débridée et totalement irrévérencieuse. Elle réécrit donc à sa façon deux périodes de l’histoire du Japon et démontre par l’absurde qu’entre le septième et le vingtième siècles, les hommes n’ont guère évolué !

Entre 592 et 645, le clan Soga, essentiellement composé de tyrans sanguinaires, abrutis et dévoyés impose «la Bonne Loi» à l’empire du Japon puis s’éteint, épuisé par les querelles intestines et la barbarie ambiante. Bien des siècles plus tard, Hitoshi Soga (1892-1945) revendique fièrement son ascendance. Époux de l’héritière Mitsubishi, ce très énigmatique professeur de logique à l’Université impériale travaille également pour les services secrets japonais et avoue consacrer beaucoup de temps à la réalisation de son grand œuvre dont la teneur n’est révélée que dans les toutes dernières pages. Passant allègrement d’une époque à l’autre, Asuka Fujimori, qui ne se fait visiblement guère d’illusions sur le genre humain, dresse une galerie réjouissante de personnages bêtes et méchants. Les tares résistent au passage du temps et il n’y a pas vraiment de différence entre les Soga et leurs contemporains qui s’entretuent avec entrain et la foule qui, bien des siècles plus tard, massacre «pour se distraire quelques centaines d’immigrés coréens» après le grand tremblement de terre de Taisho dans les années 1920.

La jeune romancière ne s’embarrasse pas non plus de considérations politiquement correctes. Roosevelt par exemple, exaspéré que la guerre n’en finisse pas, choisit d’utiliser le napalm «pour venir à bout de ces chieurs jaunes et bridés, quitte à les noyer sous un déluge de feu.» La religion «shintoïstes, bouddhistes, aucune différence, tous dans le même sac ! Les premiers nous volent à la naissance, les seconds à la mort.», la politique «il faut bien avouer que la démocratie serait un système vraiment parfait s’il n’y avait pas cet imbécile de peuple pour venir tout gâcher.», ou encore les relations entre l’Orient et l’Occident «cela ne servait à rien de vouloir copier ces singes blancs. Lorsqu’on faisait moins bien qu’eux, ils nous tournaient en ridicule ; et si on avait le malheur de faire mieux, alors là ils se mettaient en colère pour de bon»… toutes les questions abordées subissent un traitement identique et radical !

Pour dénoncer la bêtise humaine, l’humour décalé et la dérision se révèlent comme toujours des armes redoutables, servies par une langue souvent très crue, d’une rare drôlerie qu’Asuka Fujimori, d’origine japonaise maîtrise parfaitement. Elle se montre également très convaincante dans la structure de son roman, maniant habilement au sein de chaque époque prolepse et analepse, sans que ce constant va-et-vient entre avenir et passé nuise à la compréhension. La rafraîchissante liberté de ton de Nekotopia, le premier opus de la jeune femme avait choqué quelques esprits chagrins. Parions que Mikrokosmos les fera à nouveau frémir d’indignation !


Florence Cottin
( Mis en ligne le 04/02/2005 )
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