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Un égarement qui tourne court
Gilad Atzmon   Guide des égarés
Phébus - D'aujourd'hui étranger 2005 /  14.50 € - 94.98 ffr. / 188 pages
ISBN : 2-85940-902-5

Traduction : Laurence Klein.
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Guide des Égarés est un livre difficile. Difficile à raconter - car, on va le voir, le parcours de son protagoniste principal, a de quoi dérouter les frileux et choquer les bonnes mœurs. Difficile à cerner également quant aux intentions de son auteur. La remise en question de l’identité, le mal-être, voire le dégoût qu’elle suscite ; la recherche du scandale peuvent-elles à elles seules pousser à écrire un tel ouvrage ?

Gilad Atzmon nous est présenté, en quatrième de couverture, comme l’auteur du nouveau Portnoy et son complexe, le succulent et très sarcastique roman de Phillip Roth, qui avait véritablement marqué l’éclosion d’un nouveau souffle dans la littérature juive américaine. L’œuvre d’Atzmon, malgré ses audaces narratologiques, son récit encadré, ses anticipations aussi funestes que délirantes sur le destin d’Israël, n’atteint malheureusement pas à la force subversive de son aîné. Ainsi, la «déviance» sexuelle, élément pourtant essentiel dans le dispositif de la provocation et qu’avait su si habilement exploiter Roth, est ici mise en scène assez grotesquement, et sonne un peu faux.

Le lecteur éprouve en fait assez peu d’empathie avec ce Günther Wanker, marqué dans son enfance par l’image d’un grand-père voulant à tout prix gommer sa judéité au profit de son admiration pour la musique, la philosophie et l’esprit germaniques. Cela n’empêche pas le jeune homme de décider de mener sa petite guerre, de prétendre aller mourir pour des idées, et de se rendre finalement compte qu’à tout prendre, le corps des femmes est plus agréable à caresser que la culasse d’un fusil-mitrailleur. Ayant eu la judicieuse inspiration de se tirer une rafale dans le pied pour échapper à un assaut, Wanker se voit sacré héros malgré lui et peut à son aise s’adonner à la fornication frénétique, comme n’importe qui cherchant à se rassurer d’avoir frôlé la mort…

Au terme de ses vagabondages épidermiques, il rencontre, dans une cafétéria universitaire, une Lola qui l’électrise malgré sa frigidité et le souverain mépris qu’elle lui porte. C’est au cours des moments où son insaisissable amie le délaisse que Wanker se met à fréquenter tous les quartiers de prostitution européens, et en particulier l’érotisme glacé des peep-show. Ce matage forcené lui inspire une philosophie de l’existence et de la société actuelle, la peepologie, qui fera bientôt florès dans les milieux les plus branchés de l’intelligentsia et vaudra à notre anti-héros de devenir une sommité mondialement reconnue. On ne racontera pas les multiples aléas qui se présenteront encore sur sa route… Contentons-nous, juste pour le plaisir, d’évoquer discrètement la liaison qu’il entretient pendant plusieurs années avec la même poupée gonflable avant une fatale partie de latex en l’air dans une forêt riche en bosquets épineux.

C’est sans doute là l’épisode le plus cocasse de ce «guide» qui n’est certes pas pauvre en moments forts, en fulgurances et en passages inconvenants, mais qui s’égare lui-même, à proprement parler, au fil de chapitres qui vont s’effilochant. Ainsi l’auteur pèche-t-il par facilité quand il reproduit quelques mails du pseudo-maître Wanker à des désoeuvrés lui demandant conseil, ou encore une correspondance amoureuse avec une femme jusque-là parfaitement absente de l’histoire. Au lieu du finale magistral que le lecteur était en droit d’attendre, il faut se contenter d’une vingtaine de pages de remplissage. Déception.

Le Guide des égarés est donc une lecture iconoclaste, dont les inepties du sionisme radical ne sortent pas indemnes (ce qui n’est jamais négligeable, fût-ce dans une fiction romanesque) et qui peut faire sourire ici ou là. Il y manque malheureusement un peu de souffle pour déjà crier au génie. Attendons donc avec confiance et impatience le second opus de M. Atzmon, car il y tiendra sans doute les promesses ébauchées ici.


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 08/06/2005 )
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