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L'Algérie avant l’Algérie
Georges Fleury   Yousouf le flamboyant
Flammarion 2005 /  20 € - 131 ffr. / 420 pages
ISBN : 2-08-068660-7
FORMAT : 15x24 cm
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Auteur prolifique d’ouvrages qui ont souvent comme objet la guerre d’Algérie, Georges Fleury choisit aujourd’hui la forme romanesque pour nous conter la conquête du pays, à travers la vie étonnante de Yousouf qui en fut l’un des héros.

En dépit de son prénom musulman, Yousouf est un enfant de l’île d’Elbe, né au début du XIXe siècle. Sa vivacité a séduit Pauline, la sœur de Napoléon qui le prend à ses côtés. L’empereur exilé s’intéresse à lui et se propose de financer ses études à Paris, projet auquel les pirates barbaresques mettent un terme brutal en s’emparant du bateau sur lequel voyageait le jeune Giuseppe. Capturé, il est vendu comme esclave au bey de Tunis, et devient Yousouf, sans pour autant être contraint de se convertir à l’Islam. Là encore, sa vive intelligence et son charme font effet, il connaît une enfance protégée, ami du fils du bey, et devient commandant de mamelouks. L’histoire commence en quelque sorte ici : le lecteur suit pendant 418 pages la vie mouvementée du personnage.

Les premières pages sont celles de la mort du héros, en terre française, veillé par son épouse. Le récit se poursuit au rythme rapide de la difficile conquête de l’Algérie. Deux sujets s’entremêlent. Les aventures personnelles de Yousouf, les trois femmes de sa vie (Kabira la musulmane, Ruth la juive et Catherine la française), ses chevaux étalons arabes fougueux et intelligents, ses amis, tout ceci constitue le réseau solide sur lequel Yousouf construit une carrière militaire brillante. A la suite d’une histoire amoureuse imprudente, il s’enfuit de Tunis et, par l’intermédiaire de son ami Ferdinand de Lesseps, est présenté au général de Bourmont, commandant en chef de l’expédition envoyée par Charles X à Alger, et dont le but est de mettre un terme définitif à la piraterie barbaresque.

Le véritable sujet du livre est, à travers le destin étonnant du héros, la conquête de l’Algérie, de la prise d’Alger le 4 juillet 1830 jusqu’au milieu du siècle. Georges Fleury nous présente une terre divisée sous les derniers jours de la domination turque ; le pouvoir est détenu par les chefs de tribus locaux, sous l’autorité des bey d’Oran, de Constantine et d’Alger. De ces espaces fragmentés et rivaux les Français feront un pays qui deviendra plus tard une nation. En 1839, dans les documents officiels, le terme de Régence jusque-là employé, est remplacé par un néologisme : l’Algérie.

C’est l’armée française qui est à l’origine de cette construction. Georges Fleury présente l’armée royaliste de Charles X désarçonnée par l’annonce de la révolution parisienne (les trois glorieuses, juillet 1830) qui suit de si près la conquête et la prive des honneurs attendus. L’armée de la Monarchie de juillet (1830-1848) assume plus difficilement la tâche de la «pacification» qui sera achevée sous le Second empire. Pacification dont Yousouf est l'un des artisans efficaces, plaçant son expérience acquise à Tunis, au service de la France, dont il se sent fils de cœur. Vu comme musulman par les Français mais aussi par les Arabes, critiqué pour ses méthodes violentes (razzias, têtes coupées des ennemis exhibées…), il prêche aussi pour la palabre, la persuasion, la nécessité de rallier les élites. Sa double culture, dont il joue constamment, le sert dans ses initiatives. Enrôlé comme interprète, il est l’un des fondateurs des troupes indigènes, les zouaves, embryon de l’armée d’Afrique, qui s’illustreront ensuite sur de nombreux terrains dont la guerre de Crimée en 1854, à laquelle participe Yousouf. En Algérie, ses méthodes brutales sont vivement critiquées par les journaux parisiens, mais le soutien des dirigeants militaires qui se succèdent rapidement à Alger, lui reste acquis. Il est nommé à des postes de responsabilité. La grande affaire de sa vie est la lutte contre Abd el Kader dans laquelle s’illustre le duc d’Aumale, fils du roi Louis Philippe. Deux hommes, mais également deux lectures du destin algérien s’affrontent.

Dans ce récit haut en couleurs, l’auteur fait volontiers la part belle à l’exotisme, et montre comment son héros a su l’utiliser pour parvenir à ses fins : succès personnels - tant militaires qu’amoureux -, mais aussi l’invention d’un pays, l’ambition d’une plus grande France, un souci de civilisation. Tout au long des pages, ressort l’amour pour une terre que Georges Fleury connaît bien et que, comme son héros, il aime. Certes Yousouf a existé et sa vie donne à rêver, mais Georges Fleury ne boude pas son plaisir à décrire les aventures de son personnage : il y a du d’Artagnan, dans ce Yousouf-là.

Le lecteur ne boudera pas non plus son plaisir à chevaucher entre bleds algériens et salons parisiens, en découvrant quelques pages oubliées de la rencontre entre Algérie et France, qui peuvent aussi – et c’est sans aucun doute l’intention de l’auteur - éclairer l’histoire tragique du XXe siècle.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 22/07/2005 )
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