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Véniel
Julien Péluchon   Formications
Seuil - Fiction et cie 2006 /  17 € - 111.35 ffr. / 252 pages
ISBN : 202088125X
FORMAT : 14,0cm x 21,0cm

Date de publication : 17/8/2006
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Pas facile de se débarrasser de ses amours d’adolescence, quand l’émoi devant un minois et ses formes fraîches et naissantes gravent l’attachement dans une sorte de marbre, les phéromones et quelques hormones mal orientés figés tel l’insecte dans l’ambre. Ainsi de John et Labies, amants forever, des balbutiements d’une amourette juvénile avortée, à la fin un peu glauque dans une villa inondée et un parc d’attraction pour fourmis. Si, si !

Labies, c’est la bombe du lycée, mélange improbable d’un charisme fortuit par moue tapageuse, de seins magnétiques, et d’un flegme à gravir d’urgence : «Elle poussait [son scooter] avec cette apparente faiblesse qui contribuait, aux yeux de tous les garçons d’ici, à la rendre si pinocumettable» (p.14) Voilà pour la bancale histoire d’amour : de 16 à 30 ans, Labies obsède John, d’abord ado maladroit, ensuite bellâtre de téléfilms pour vieilles ; elle «lui décapsulait la cervelle» (p.193).

Julien Pélichon colore la flammèche amoureuse d’un sale coup des Parques. Une sorte d’ermite, dandy grisonnant, annonce à John encore jeune qu’il mourra à ses trente ans. Alors, notre Œdipe, façon AB prod mâtiné d’hypokhâgne, égraine sa vingtaine soumis à ses deux déboussolantes girouettes : l’amour pour Labies et l’annonce d’une mort prochaine.

C’est joliment écrit, raffiné et pince sans rire, une plume de premier de la classe poète, bon en philo et lettres, qui aimerait aussi Brassens et la déconnade, d’où un style dont on reconnaît les talents en même temps qu’il agace, un rien assuré, avec ce trop plein du premier roman, où il faut se montrer d’un coup et beaucoup, jusqu’au tapage. Les suivants se délesteront assurément de ces péchés véniels. A suivre donc.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 23/08/2006 )
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