| Maggie Gee Ma bonne Belfond - Les Etrangères 2008 / 21 € - 137.55 ffr. / 372 pages ISBN : 978-2-7144-4368-7 Imprimer
Maggie Gee, romancière reconnue en Angleterre, est pour la première fois publiée en France avec ce roman, Ma bonne. Dune écriture délicatement mélancolique, légèrement précieuse, par moments, sa narration procure une ambiance piquetée dun certain romantisme, celui des jardins anglais sauvagement racés, celui encore des séances raffinées du tea time ; pourtant, les chemins croisés de Vanessa Henman et Mary Tendo ne sont ni confortables, ni bucoliques et sont dénués de toute simplicité. Seules résident quelques convenances qui indéniablement seffacent.
Vanessa, langlaise à la peau si blanche quon la croirait translucide, au corps si sec quil donne limpression dêtre tout en nuds, est dun comportement exigeant, pudique, colérique, qui laisse présager une souffrance intime prête à exploser. Mary, lOugandaise à la peau noire qui transpire le soleil de son Afrique natale, qui sent la poussière rougeâtre de son village familial, aux rondeurs sensuelles et aux dents si blanches et parfaites, est dune nature enjouée, forte en gueule et obstinée. Elle nen cache pas moins un vide abyssal quelle comble sans retenue.
Ce tandem féminin se surveille, se juge, explose avant de sétreindre et ainsi de suite ; il cherche à se comprendre et à exprimer des sentiments presque amicaux, mais lorgueil, les souffrances narcissiques de chacune, semblent toujours les éloigner de ce moment où une effusion damour pourrait les réconcilier. Et pour cause, après plus de 10 années, Vanessa et Mary se retrouvent sans que les rancoeurs du passé naient pris une seule ride.
Mary est lancienne femme de ménage de Vanessa. Celle qui, outre les tâches ménagères, soccupaient de Justin, lenfant de Vanessa. Justin, à présent, est âgé de 21 ans et il va mal, très mal. Il est atteint dun mal occidental : la dépression. Vanessa nentrevoit quune solution ultime pour sauver ce fils qui est déjà adulte : la présence de Mary. Cette dernière accepte.
Maggie Gee exploite, avec une implication discrète mais non moins revendicatrice, la question des différences culturelles sources dincompréhension, de la place de limmigré dans la société anglaise. Mais aussi, de limportance des racines, de la filiation quel que soit le continent qui nous a vus naître. Malgré un rythme un peu ennuyeux, on se prend, au fil des chapitres, à aimer ces deux femmes
Frédéric Bargeon ( Mis en ligne le 28/05/2008 ) Imprimer | | |