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Tristes ruines
François Bott   Vel’d’Hiv’
Le Cherche Midi 2008 /  15 € - 98.25 ffr. / 204 pages
ISBN : 978-2749109121
FORMAT : 14X22 cm

Date de parution : 24/08/2008.
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On connaît tous le Vel d'Hiv, bâtiment parisien de sinistre mémoire, où furent rassemblés 7000 familles juives, parmi lesquelles plus de 4000 enfants, les 16 et 17 juillet 1942, lors de la grande rafle commanditée par l'occupant allemand et exécutée par la police française. Son nom est à ce point lié au terrible événement qu'on serait bien en peine de dire en revanche ce qu'était le Vel d'Hiv avant d'être transformé, pendant quelques journées étouffantes de juillet, en camp de transit avant l'enfermement à Drancy puis la déportation vers Auschwitz. L'horreur de ce qui s'y passa semble avoir interdit à la mémoire collective de se pencher sur les moments de bonheur qu'il accueillit pendant de longues années, lorsqu'il n'était encore qu'un vélodrome où se disputaient maintes rencontres sportives pour la grande joie des Parisiens de tous âges et de tous milieux.

Pour nous replonger dans ce Paris de l'avant-guerre, s'appuyant sur une documentation fournie – une succincte mais néanmoins sérieuse bibliographie nous est proposée à la fin de l'ouvrage –, François Bott choisit la forme romanesque : Raymond, le narrateur, est un très vieux monsieur qui se plonge dans ses souvenirs, soixante années presque jour pour jour après la rafle, au gré de ses déambulations dans le Paris évidemment très différent de 2002. Et ses souvenirs sont d'autant plus précieux qu'il a fort bien connu le vélodrome d'hiver, puisque son père en était le propre concierge et qu'il fut ainsi le lieu privilégié de son amitié avec Simon, fils d'un docteur juif. Raymond nous raconte alors ces joyeuses années 30, rythmées par les courses cyclistes, les combats de boxe, les meetings politiques du Front Populaire, auxquels ils assistaient, lui et Simon, avec toute l'insouciance de l'enfance. La description est d'autant plus émouvante que l'ombre de la rafle plane en permanence, teintant de gris ces évocations d'un Paris gai et bigarré au fur et à mesure qu'on se rapproche de la guerre.

L'évocation de l'amitié entre Simon et Raymond, le juif et le non-juif, frôle le cliché, le thème ayant été repris maintes fois dans la littérature ou au cinéma : qu'on songe à L'Ami retrouvé ou Au revoir les enfants. Cependant François Bott parvient à nous toucher lorsqu'il nous décrit ces deux amis amoureux de la langue française, collectionnant les mots nouveaux comme d'autres les papillons, les consignant dans un petit carnet où ils notèrent, au gré de leurs découvertes, «idéaliste», «flambeur», «grand soir», «pusillanimité», puis «trahison», «débâcle», «rafle»...

Le vieil homme, professeur de lettres classiques à la retraite, est en train de réfléchir à un essai sur la France, dont la spécificité est selon lui d'être toujours, quelle que soit l'époque à laquelle on l'envisage, coupée en deux : Paris et la province, Corneille et Racine, la droite et la gauche, les dreyfusards et les anti-dreyfusards, et pour finir, les rescapés et les disparus, les vivants, comme lui, et les morts, comme Simon, victime parmi d'autres de la barbarie, dont l´une des expressions eut lieu justement dans le Vel d'Hiv qu'il aimait tant.

Eût-il été un excellent peintre, pourrions-nous décemment aujourd'hui admirer les toiles d'Hitler en faisant abstraction des crimes qu'il a commis ? Le vélodrome a été détruit quelques années après la libération, et, aujourd'hui, rien ne subsiste du bâtiment dans le quartier de Grenelle, comme si l´on avait voulu, en le détruisant, effacer l'horreur à laquelle il était désormais lié. François Bott ne semble lui-même pas le regretter, lorsqu'il affirme : «(...) s'agissant du Vel d'Hiv, je ne croyais pas que les lieux et les murs fussent innocents des crimes qu'ils avaient abrités».


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 25/08/2008 )
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