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Avant la Chute
Philippe Ségur   Vacances au pays perdu
Buchet Chastel 2008 /  18 € - 117.9 ffr. / 256 pages
ISBN : 978-2283022603
FORMAT : 14X20 cm

Date de parution : 15/08/2008.
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Il est aujourd'hui de bon ton d'avoir quelques préoccupations en matière d'environnement, si l'on ne veut pas passer pour un rustre inconscient. On coupe l'eau pendant qu'on se brosse les dents et l'on évite de jeter la carcasse de poulet dans la poubelle à couvercle jaune. Les plus courageux iront même jusqu'à préférer les steaks de soja au dit-poulet ; ce n'est pas le héros de Vacance au pays perdu qui les contredira. «Végétarien de stricte obédience, client d'un homéopathe de réputation régionale, adhérent à trois associations de protection de l'environnement», il est pris de nausées devant les implications peu ragoûtantes de son métier de graphiste publicitaire : c'est à lui que revient la tâche de convaincre des millions de familles de se gaver de «thon au mercure, de mayonnaise à la dioxine, d'oeufs bourrés de pesticides» (p.10).

Pour mettre fin à une schizophrénie pareille, il est nécessaire de frapper un grand coup : il pourrait songer comme le premier écologiste venu à faire fonctionner la maison à l'énergie solaire, ou bien décider de ne plus utiliser que du papier toilette recyclé. Mais non, il va beaucoup plus loin. Et, en fait d'horizons extrêmes, c'est même en Albanie qu'il choisit de s'exiler, ravi par les mots «désastre touristique» associés à Tirana et ses environs par le moteur de recherche auquel il a confié son désir de rompre avec le système. Exil pour une semaine, trajet compris.

Le voyage épique, les paysages exotiques (comprendre : semés de gravats), les autochtones au charme très... autochtone, le dépaysement absolu est à portée de main ; «[son] cricri» est à ses côtés pour faire face à tous les imprévus, qu'ils soient de nature culinaire (comment découvrir la nature des tabous qui régissent la consommation du fameux byrek ?), linguistique (puisqu'il faut bien le dire, la façon la plus évidente pour un Albanais de montrer son refus total de communiquer, c'est bien de ne pas parler espagnol) ou touristiques (mais attention, qu'on ne s'imagine pas pour autant qu'il est possible de les plumer sans qu'ils s'en aperçoivent). Il suffisait finalement d'abandonner femme et enfants durant quelques jours pour trouver la clé de l'Eden, forcer la porte d'un monde beau comme avant la Chute (du stalinisme?).

Néanmoins, point trop n'en faut et les kilomètres qui séparent le narrateur de son homéopathe commencent à se faire sentir. Avouons-le, nous sommes sans doute déjà trop corrompus par la civilisation pour opérer sans risque un retour gagnant au Paradis terrestre. Et puis si même en Albanie on écoute du rap... Où va-t-on, je vous le demande ? Heureusement qu'il y a les Albanaises et leurs défilés quotidiens.

Usant et abusant sans complexe d'un humour souvent considéré, peut-être à tort, comme glissant parce qu'il se joue des habitudes bizarres des étrangers, Vacance au pays perdu exploite avec réussite ce filon, évoquant par moments très nettement le film Borat, en négatif. En effet, Philippe Ségur se moque tout autant de ses héros burlesques que des Albanais. C'est plutôt la question de l'adaptation des uns à la culture des autres qui l'amuse et la critique est féroce à l'égard du consumérisme, mais aussi de sa réplique bourrée de bons sentiments, l'écologisme bobo.

Pour cette raison, la mise au point finale n'était peut-être pas nécessaire. L'auteur préfère dans les dernières pages expliquer que l'Albanie est un pays charmant, absolument pas ridicule, et durement éprouvé par divers phénomènes violents au cours des décennies passées. Or cette approche est non seulement très journalistique, mais aussi inutile. L'ouvrage aurait gagné en cohérence à s'achever par des éclats de rire, sans que cela ne nuise pour autant à une réflexion personnelle sur le sort de ce tout petit pays oublié.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 22/08/2008 )
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