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Littérature  ->  Biographies, Mémoires & Correspondances  
 

Marie Dormoy
Paul Léautaud   Journal particulier. 1935
Mercure de France 2012 /  22.50 € - 147.38 ffr. / 345 pages
ISBN : 978-2-7152-3277-8
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Edith Silve (Annotateur)
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En 1935, Paul Léautaud (1872-1956) a 63 ans. Il est toujours employé en tant que critique par Le Mercure de France et publie régulièrement dans cette même maison d’édition. Citons quelques ouvrages célèbres : Le Petit ami (1903), Passe-Temps (1928), Amour (1958).

Mais c’est son colossal Journal littéraire qui couvre 63 années, que l’on retient dans son œuvre. Cette année 1935 est une année chargée en émotion, en écriture et en frustration. Une seule personne accompagne Léautaud et son lecteur : Marie Dormoy, la maitresse de l’écrivain, qui comme toute femme coquète et sûre de sa féminité fait plonger l’amant dans les gouffres du plaisir, de l’espoir puis très vite de la désillusion et du mensonge.

Léautaud et Dormoy, Dormoy et Léautaud, voilà de quoi se compose le journal de 1935, avec en toile de fond quelques travaux sur des publications, la mort d’un chat et l’éternelle réflexion sur l’éphémère féminin. Car Dormoy use de ses derniers charmes pour tromper son monde (et Léautaud le premier) alors qu’elle approche dangereusement de la cinquantaine. Consciente qu’il lui reste peu de temps pour assouvir ses pulsions séductrices, elle ment à Paul qui très vite se rend compte de la présence d’un autre dans la vie de cette femme qu’il aime de manière exclusive. Et quelle douleur sinon celle-ci peut-elle excéder un esprit fin et narcissique ?...

Ces écrits montrent une fois de plus la conscience par un écrivain de la fausseté de la femme. Malgré les peines qu’il éprouve et les décisions qu’il prend pour se détacher d’elle, Léautaud abdique devant la puissance sensuelle en provoquant les rencontres. Et on le comprend presque car Dormoy est une femme de petite vertu qui donne son corps (malgré quelques complexes affichés) et accepte la fréquentation de l’écrivain amoureux transi.

Tout le journal est la description à la fois misérable et minutieuse de cette relation contrastée. Si le charnel fonctionne (malgré quelques frustrations et caprices de la dame), le spirituel a du mal à suivre et Léautaud de décrire au jour le jour les basses activités mensongères de sa demoiselle avec, malgré tout, quelques moments de bonheur.

Le lecteur s’en lasse passé le mois d’avril puisque Léautaud ne suit pas les décisions qu’il écrit en se retrouvant toujours à fréquenter Marie, qui, elle, en profite. Du coup, littérairement, même le vieux sage, prisonnier de ses principes et de son désir ardent, s’en rend compte : il se fait du mal et n’épargne pas son lecteur avec la description pure et simple de ce jeu classique du chat et de la souris : «Dimanche 14 avril. C’est une corvée pour moi de noter ce qui suit. Je suis excédé de toutes ces notes, que je détruirai certainement un jour. Complètement ridicule, par-dessus le marché. Je perds mon temps, au lieu de travailler ou d’être au plaisir de ne rien faire».

Perte de temps que de fréquenter une femme énigmatique et calculatrice, et surtout à le raconter. Mais à quoi sinon à l’écriture, un écrivain malheureux peut-il se raccrocher ? Résultat, Léautaud ne renoncera pas à voir en Dormoy la femme qu’il imagine être malgré la réalité cruelle qui le prive de cet amour véritable. Enlevez Marie Dormoy de l’année 1935 et Léautaud n’aurait écrit que sur ses chats et ses rhumatismes. Comme quoi, une femme, même insaisissable, c’est déjà toute une vie, du moins une année !


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 20/06/2012 )
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