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Une relation capitale
André Gide   Jacques Schiffrin   André Gide - Jacques Schiffrin - Correspondance 1922-1950
Gallimard - Les cahiers de la NRF 2005 /  29.50 € - 193.23 ffr. / 364 pages
ISBN : 2-07-077360-4
FORMAT : 14x21 cm

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.
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Il est inutile de présenter l'auteur des Caves du Vatican et des Nourritures terrestres. Ce "contemporain capital", selon l'expression de André Rouveyre, on le sait, a exercé un véritable magistère sur la littérature française de la première moitié du vingtième siècle. Découvreur de talents, même si on lui attribue trop souvent, et peut-être trop rapidement, le refus de publication de Proust chez Gallimard, André Gide était animé d'une inlassable curiosité pour les lettres françaises et étrangères. Bien moins connu du grand public, Jacques Schiffrin, né en Russie en 1892, s'installe à Paris en 1922. Les deux hommes se rencontrent la même année.

Jacques Schiffrin sollicite alors André Gide pour la relecture et l'édition de La Dame de pique de Pouchkine et pour en rédiger une préface. Jacques Schiffrin, qui en a établi la traduction avec Boris de Schloezer, entend en assurer la publication dans sa nouvelle maison d'édition : les éditions de la Pléïade. Se noue alors une amitié qui ne prendra fin qu'avec la mort de l'éditeur en 1950.

Sur près de trente années, leur correspondance révèle une triple relation : celle d'un écrivain et d'un éditeur, celle de deux observateurs du monde des lettres, érudits et amoureux fous des livres, et celle d'un auteur et d'un admirateur ami. Cette complicité sera à l'origine de la publication du fameux Journal d'André Gide aux éditions de la Pléïade ; Gide devenant alors le premier auteur vivant à rentrer dans cette collection.

Jacques Schiffrin ne cesse de solliciter André Gide pour de nouveaux textes ou des rééditions, la composition d'anthologies ou de morceaux choisis. Désireux d'en assurer la plus grande diffusion, Schiffrin reste particulièrement exigeant pour la composition des ouvrages, des choix typographiques ou des mises en page. Ces deux esthètes savent à quel point un livre doit être à la rencontre d'une forme et d'un contenu. Les envois d'épreuves pour relecture sont incessants, l'éditeur restant toujours respectueux des choix et envies de l'auteur. Face à certaines difficultés, André Gide fera son possible pour que Gaston Gallimard reprenne les éditions de Schiffrin. Ce dernier devient alors le directeur d'une collection de plus en plus prestigieuse.

Les deux hommes sont aussi les observateurs de leur temps. A la demande de l'auteur, Schiffrin participe au voyage de Gide en Union soviétique durant l'été 1936. On apprend dans cette correspondance relativement peu de choses sur le voyage en lui-même. A la publication du fameux Retour de l'URSS, Schiffrin, dans une longue lettre, déclare comprendre l'auteur tout en se ralliant à l'opinion majoritaire dans les milieux de gauche : ce n'est pas le moment. "Vous savez combien je partage votre sentiment et vos réactions, par suite de notre voyage, mais n'est-ce pas très grave, à l'heure qu'il est, de faire pencher la balance d'un poids terrible qu'est votre témoignage ?", écrit-il le 4 octobre 1936.

Avec la guerre, Schiffrin doit fuir la politique d'aryanisation et s'exiler. Avec l'aide de Gide, il parvient à se réfugier aux Etats-Unis où il déploie des efforts considérables pour continuer à faire paraître ses œuvres. Efforts d'autant plus impressionnants qu'il est diminué par une maladie qui l'emportera. Aussi, malgré une situation financière particulièrement précaire, Schiffrin veille avec une attention scrupuleuse aux intérêts de Gide. Il se bat notamment pour que certaines éditions sauvages ne paraissent pas sans acquitter les droits d'auteur. Gide réalisera assez tardivement toute l'honnêteté et la rigueur avec laquelle Schiffrin a géré une partie de ses œuvres.

Depuis son exil, l'éditeur ne cesse de témoigner de son amitié dévouée pour un auteur qu'il aime et respecte suffisamment pour ne pas en conseiller la lecture à son fils de 14 ans, de peur qu'il ne le lise trop tôt… Ce fils, André Schiffrin, qui deviendra éditeur et l'auteur de L'Edition sans éditeurs, est d'ailleurs le sujet de nombreux échanges entre les deux hommes. Gide, qui demande régulièrement de ses nouvelles, l'accueillera après la guerre au cours d'un voyage en France que son père rêvait de plus en plus de faire.

Cette correspondance, dans une édition très soignée et judicieusement annotée, est tout empreinte d'une amitié respectueuse entre deux hommes, dont la rencontre n'avait rien d'évident, qui ont su placer, chacun à sa façon, l'amour des lettres au cœur de leur vie.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 07/09/2005 )
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