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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

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Daniel Mendelsohn   Si beau, si fragile
Flammarion 2011 /  22 € - 144.1 ffr. / 428 pages
ISBN : 978-2-08-124439-9
FORMAT : 15,2cm x 23,9cm

Traduction d'Isabelle Dominique Taudière

L'auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, professeur certifié en Lettres Modernes. Enseignant à Casablanca, il est Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University). Auteur de Hervé Guibert, vers une esthétique postmoderne (L’Harmattan, 2007), spécialiste de l’écriture de soi dans la littérature contemporaine, il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org.

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Daniel Mendelsohn est devenu en France, avec Les Disparus (Flammarion, 2007) et L’Etreinte fugitive (Flammarion, 2009) un des romanciers américains les plus en vue. Mais aux Etats-Unis, c’est avant tout pour son travail de critique littéraire, de cinéma et de théâtre qu’il est connu et apprécié depuis une quinzaine d’années. Si beau et si fragile – le titre est emprunté à Tennessee Williams et pose «avec une parfaite simplicité, l’inévitable enchevêtrement de la beauté et de la tragédie, caractéristique du théâtre grec» que Mendelsohn, helléniste de formation, connait très bien – constitue une sélection de ces articles classés pour la circonstance autour des thématiques qui lui sont chères : Héroïnes, Héroïsmes, Eros, Guerres et Vies privées.

Ces textes relèvent davantage de l’essai dans la tradition anglo-saxonne que de la critique telle qu’elle se pratique en France : chacun d’entre eux laisse largement place à la réflexion en confrontant culture classique et culture contemporaine et ne se cantonne jamais au simple jugement. Car les revues littéraires américaines, parmi lesquelles la New York Review of Books qui a publié la plupart des articles ici compulsés, laissent la place et le temps à leurs contributeurs. Les «papiers» sont relativement longs, fouillés et donnent ainsi l’occasion d’inscrire les films ou les livres analysés dans l’ensemble du travail de leur auteur. Le critique procède alors par rappels artistiques et/ou biographiques, par rapprochements au sein d’une même filmographie ou bibliographie pour mieux saisir ce qui fait la singularité de l’œuvre envisagée ou pour cerner les tics stylistiques et les lubies thématiques des créateurs. Luxe suprême, Mendelsohn se livre parfois à la description de scènes entières, pour en déceler les faiblesses ou les réussites.

Le regard porté sur les objets d’étude est donc souvent diachronique et permet d’approcher le travail d’un artiste dans son ensemble. Ainsi, dans «Lost in Versailles» où Mendelsohn se penche sur Marie-Antoinette de Sofia Coppola, il évoque les deux longs métrages antérieurs de la réalisatrice pour en déterminer le style ou les motifs récurrents et expliquer les choix effectués : «On comprend aisément que Sofia Coppola, de par l’intérêt artistique qu’elle porte aux états d’âme de jeunes femmes en détresse forcées de choisir entre des élans intérieurs et des obligations extérieures, ait pu être touchée par la triste vie de la reine…».

Ces différents articles – parmi lesquels ceux consacrés à Oscar Wilde, Henry James ou Quentin Tarantino – se caractérisent en outre par une impressionnante érudition. Elle se manifeste notamment lorsque le sujet est en relation avec la Grèce antique ainsi qu’en témoigne la critique d’Alexandre du réalisateur Oliver Stone. Le film est rapidement attaqué par Mendelsohn qui en souligne «l’incohérence structurelle», «la vacuité», le caractère «romantique»… La confrontation de la réalité historique à la fiction hollywoodienne révèle les manquements, les erreurs du scénario. Mais surtout, pis encore, le film n’est à aucun moment un outil de compréhension ou de lecture de l’histoire et révèle, en ce sens, les «illusions narcissiques» de certains cinéastes… Ailleurs, pour évoquer deux films sur les événements du 11 septembre (Vol 93, de Paul Greengrass et World Trade Center d’Oliver Stone), ce sont aussi des références antiques qui sont convoquées : Les Perses d’Eschyle et La Prise de Milet de Phrynicos. Elles ont toujours la faveur et la préférence du critique car elles sont plus exigeantes et riches de sens que ne le sont leurs équivalents postmodernes. «On pourrait écrire une vraie tragédie, une tragédie grecque, sur le 11 septembre et ses suites, remarque-t-il […]. Cela étant, quelqu’un a déjà écrit cette pièce : elle s’appelle Les Perses».

Si ces articles nous disent beaucoup sur la culture d’aujourd’hui, ils sont aussi des révélateurs – au sens photographique du terme – de la personnalité et de l’identité de celui qui en est l’auteur. Daniel Mendelsohn parsème ses décryptages littéraires et cinématographiques d’autobiographèmes qui font de la critique un exercice de lecture subjectif, voire même intime, de partage, qui consiste tout autant à parler des autres que de soi. Car le sens que l’on trouve dans nos lectures, dans les films que l’on regarde, c’est bien celui qu’on leur donne.


Arnaud Genon
( Mis en ligne le 01/06/2011 )
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