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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

Au pays des fées
Marie-Louise Teneze   Georges Delarue   Nannette Lévesque, Conteuse et Chanteuse du pays des sources de la Loire
Gallimard - Le langage des contes 2000 /  29.77 € - 194.99 ffr. / 735 pages
ISBN : 2-07-075851-6
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L’histoire a égaré le nom du poète qui eut le premier la géniale intuition du fameux Il était une fois. Jamais en effet, on n’a trouvé sésame plus efficace pour pénétrer au pays des fées. Voici deux livres qui montrent, chacun à leur manière, combien le pouvoir de fascination des contes est resté intact à travers les siècles.

Nannette Lévesque représente la tradition orale, populaire. Née en 1803 dans un village perdu des hauteurs du Vivarais, non loin des sources de la Loire, elle devint, après 1870, l’informatrice principale du folkloriste Victor Smith. C’est que Nannette, qui ne sait pas lire, a gardé mémoire des histoires et des chants que les filles se transmettaient jadis en gardant les troupeaux ou qu’on apprenait à la veillée. Ces moments de divertissement compensaient sans doute les rudesses de l’existence dans ces campagnes. Qu’on y songe : avant de mourir, à l’âge de quarante-six ans, le mari de Nannette fabriquait des cuillers de bois et partait les vendre dans le Forez, jusqu’à Saint-Étienne, Montbrison… Durant le rude hiver, Nannette descend vers les régions plus clémentes de la vallée du Rhône, à une cinquantaine de kilomètre de chez elle, pour y trouver du pain. Elle n’a rien à vendre. Elle a juste ses enfants sur les bras…

Ses histoires, et le rythme même du langage dans lequel elle les rapporte, sont emplies de la violence, de l’âpreté de sa vie. Sa voix est comme traversée des vents stériles qui balaient les hauts plateaux ardéchois. Ses personnages parlent sans détours. Quand un petit soldat rentre de guerre et demande à loger dans une maison où il y a trois femmes, la plus jeune lui dit : "Mon garçon, nous vous logerions bien, mais ma mère, il mange tout le monde". C’est dans les contes comme dans la vie. Ou presque. Si le petit chaperon rouge est dévoré  et il l’est évidemment !, aucun chasseur ne vient à son secours.

Nannette Lévesque a des bonheurs d’expression d’un charme barbare qui donnent à ses "sornettes" une puissance qu’on ne trouve guère dans des écrits plus savants. Elle nous a légué un trésor savamment commenté par Marie-Louise Tenèze, auteur en particulier du catalogue des contes français à la suite de Paul Delarue. Georges Delarue, ethnomusicologue, a établi le répertoire chansonnier de notre conteuse.

Le Cabinet des fées, lui, s’inscrit dans une tradition littéraire qui prit son essor en marge des Lumières. A l’origine, il s’agit d’un ensemble de quarante et un volumes établis par le chevalier de Mayer. Ceux-ci rassemblent des contes de toutes sortes, féeriques, orientaux, etc., écrits par des contemporains. Parmi eux, Charles Perrault, Jean-Jacques Rousseau, Mme d’Aulnoy, pour n’en citer que trois particulièrement célèbres. Élisabeth Lemirre a puisé dans cet ensemble pour composer un nouveau corpus.

Ici, les personnages sont des princesses aux cheveux d’or Les forêts profondes, si elles sont peuplées de lions et d’ours, dissimulent toujours quelque joli château. On y trouve des perroquets, des pagodes, des orangers… On y rencontre le prince Chéri, la reine Joyeuse, qu’on devine amateurs de chinoiseries comme on l’était aux XVIIè et XVIIIè siècles…

Tous les auteurs, que ce soit Mlle de Lubert avec la Princesse Camion, Mme Leprince de Beaumont avec Belotte et Laidronette, ont en commun un style au balancement classique, de l’esprit à revendre, un charme demeuré intact. On est loin de Nannette Lévesque. Notre Ardéchoise et Mme d’Aulnoy ne vivaient pas dans le même monde. Mais toutes deux sentaient que les contes, sous leurs dehors innocents, contiennent toujours en germe une initiation. Ils sont la survivance de mythes anciens qui s’invitent chez nous sans autre cérémonie. Sous quelque forme qu’ils se présentent, orale ou savante, il faut les accueillir, car s’ils font grandir les enfants, ils rajeunissent aussi les hommes et les affermissent dans leur besoin d’absolu.


Serge Sanchez
( Mis en ligne le 21/05/2001 )
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  • Il était une fois... les contes de fées
  • Le Cabinet des fées
       de Elisabeth Lemirre
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