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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

Quand le ressentiment devient litanie
Léon Bloy   Le Pal
Obsidiane 2002 /  18 € - 117.9 ffr. / 160 pages
ISBN : 2-911914-49X

Préface de Patrick Kéchichian
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Les éditions Obsidiane ont entrepris la compilation des (rares) numéros d’une éphémère revue animée en 1885 par Léon Bloy, une des figures de proue de la très méconnue « école » du décadentisme. Un travail que l’on saluera sans doute plus du point de vue de l’histoire des lettres et des idées – que depuis celui du seul plaisir littéraire. En effet la forme est rêche, le fond souvent d’un intérêt moyen, d’autant plus que les faits incriminés remontent à Mathusalem, c’est-à-dire l’aube de la presse à grand tirage, l'ennemie jurée de Bloy.

Léon Bloy s’est en effet donné pour mission, avec la publication de cet hebdomadaire dont, homme orchestre, il écrit tous les papiers, de châtier (donner du pal) les « plumitifs » de tous poils qui font « la presse de masse ». Léon Bloy vomit, abhorre et conspue tous ceux dont il dit : « la médiocrité de ces distributeurs quotidiens du pain de l’esprit est adéquate à leur influence et confondante pour l’imagination. » Directeurs de journaux, critiques littéraires, éditorialistes et éditeurs sont presque tous des « argousins de la pensée », coupables d’adorer le veau d’or, de sacrifier la création littéraire sur l’autel des dividendes. Plus largement, le très catholique Léon Bloy mène une croisade contre le matérialisme appliqué à la « littérature industrielle », qui se résume pour lui aux obscénités étalées dans la presse et bientôt dans le roman naturaliste (lire, du même, Les Funérailles du naturalisme, publié aux Belles Lettres).

Polémiste, Bloy l’est sur un mode qui devait briller jusqu’à Bernanos, celui de l’insulte, du « gros mot », du trait net et définitif. A la mort de celui-ci, « ce qui avait longtemps été, de Bloy à Léon Daudet, un art de l’invective redevenait presque une coquetterie de salon, une mondanité astucieuse et perfide » comme le note Pol Vandromme dans ses Bivouacs d’un hussard. Rien de tel chez Léon Bloy, dont la méchanceté ne s’embarrasse d’aucune précaution langagière : « la grande vermine », « les cabotins sanglants », « le Christ au dépotoir »… sont quelques-uns des titres de ses charges furieuses. Si le ton paraîtra odieux et rédhibitoire à la plupart de nos contemporains (ce fut aussi le cas du commanditaire du journal, qui en interrompit la publication au numéro 5), et les convictions développées assimilées à celles des actuels journaux d’extrême-droite, on serait bien avisé de pourtant voir dans ce lion enragé – et souvent caricatural – un des premiers pourfendeurs de ce qui déjà devient la « Société du spectacle », c’est-à-dire de la très lucrative mise en scène de la culture puis de la vie publique!


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 25/04/2002 )
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