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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

On a de tout chez sa mère…
Jean-Claude Renard   Céline, les livres de la mère
Buchet Chastel 2004 /  20.00 € - 131 ffr. / 312 pages
ISBN : 2-283-02011-5
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«Une femme qui passe son temps à redouter les grossesses n’est qu’une espèce d’impotente et n’ira jamais bien loin dans la réussite.» Comme bien d’autres, cet aphorisme péremptoire, extrait du Voyage, rappelle à quel point la maternité est un concept clé de l’œuvre célinienne. Dans une réécriture de sa thèse, Jean-Claude Renard revient sur cette figure de la mère, omniprésente dans les romans, les interviews et les correspondances de l’Abominable homme des lettres…

On sait l’importance de la femme pour Céline. Tantôt fée, tantôt sorcière, elle peut être au pire concierge, au mieux putain. Elle touche à l’absolu quand, danseuse, elle incarne la Grâce et la Musique. Agée, elle redevient parfois pétillante, sautillante, animée par une énergie qui semble inextinguible, détentrice privilégiée des mœurs et du langage de temps révolus.

S’en tenir à ce classement serait bien évidemment réducteur. Car l’un des rôles primordiaux rempli par la femme est aussi celui de mère, dispensatrice de tendresse et d’attention, besogneuse pour subvenir aux besoins de sa progéniture, discrète dans le sacrifice quotidien de sa personne… Le premier mérite de Jean-Claude Renard est d’avoir très exhaustivement recensé les occurrences de cette présence essentielle à travers toute l’œuvre de Céline. Dans une approche sociocritique très convaincante, Renard a également jeté de nombreux ponts entre la biographie de Céline et la «transposition» du vécu, pour faire la part de l’héritage maternel décelable dans les moindres recoins de sa production romanesque.

Céline, c’est bien connu, avait interdit à sa mère de lire Mort à crédit, un roman où pourtant elle occupait un rôle de premier plan. C’est que le portrait de la famille (et surtout du père, Auguste) n’était pas toujours des plus élogieux. Pourtant, la part maternelle (et plus encore grand-maternelle) qui lui a été léguée, il ne la reniera jamais. Que du contraire, il s’en revendiquera haut et clair et exacerbera même certains traits de caractère qu’il se targue de partager avec sa génitrice : la difficulté, voire le refus, de jouir facilement de la vie ; le goût du travail bien fait ; le souci d’assister les plus faibles… La deuxième partie du livre de Renard, consacrée à ces aspects, est sans doute la plus intéressante et la mieux charpentée. Ecrivant sans jargon psychanalytique et renonçant, Dieu merci !, aux interprétations oedipiennes délirantes, Renard préfère citer Céline pour ramener les figures de la mère et de la grand-mère au centre même de la création et de l’alchimie littéraire.

Bien sûr, le cadre strict de la maternité est dépassé pour aborder le rapport problématique au père et son absence assez criante dans l’œuvre (on cherchera par exemple en vain celui de Bardamu dans Voyage…). Plus généralement encore, c’est l’image de la femme même qui est entièrement revisitée et nuancée ici. On pourra reprocher à Renard d’avoir abordé très peu les textes polémiques de Céline… Le rapport à la Mère-Patrie est en effet prudemment évoqué, mais bien peu fouillé. Par contre le lien entre création romanesque et activité médicale est sérieusement étudié et étayé de citations particulièrement bien choisies. La dernière partie de l’ouvrage tient apparemment lieu de conclusion ; malheureusement, elle déçoit par sa rapidité, ses quelques redites et un certain manque de profondeur.

On se demandera peut-être ce que les céliniens patentés pourront apprendre de cette étude ; pas grand-chose, mais ils auront l’agrément de disposer d’une synthèse de qualité sur un point qui manquait à leur bibliographie. Cet ouvrage est également à recommander vivement aux profanes qui, plutôt qu’une biographie ou une étude trop pointue, préféreraient lire un essai accessible et complet sur Céline. Car Renard nous donne de l’entendre dans ses meilleurs moments et, touchant aux points névralgiques de sa sensibilité, il communique vraiment le goût d’en prolonger la découverte. Voire la redécouverte. N’est-ce pas la plus belle marque de respect que l’on peut offrir à un auteur ?


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 24/05/2004 )
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