|
Littérature -> Essais littéraires & histoire de la littérature |
| Antonio Skarmeta Neruda par Skarmeta Grasset 2006 / 13.90 € - 91.05 ffr. / 232 pages ISBN : 2-246-68701-2 FORMAT : 12,5cm x 21,0cm
Traduction de Alice Seelow. Imprimer
Dans une Ardente patiente, petit bijou dhumour et de tendresse porté à la postérité par ladaptation cinématographique de Michael Radford en 1994 (Il Postino, Le facteur), Antonio Skarmeta avait déjà rendu un magnifique hommage à Pablo Neruda. Rien de surprenant donc à le retrouver lors des célébrations du centenaire de la naissance du Poète chilien. Ce livre nest pas une biographie de Neruda, mais bien la vision, les souvenirs que Skarmeta a de lartiste qui fut aussi son ami. Il est alors question autant de Pablo que dAntonio.
On trouvera, narrées avec tendresse et admiration, les rencontres des deux hommes, brossant bien le portrait dun Neruda charismatique, mais également terriblement humain. Cest Skarmeta qui nous fait visiter la maison de lIle Noire (qui na rien dune île !), les collections dobjets du Poète ; lui qui nous présente ses femmes, ses muses ; lui qui nous convie au repas que Neruda avait fait donner aux artistes sud-américains, et où il convia Rulfo à sa table. Les souvenirs affluent sans ordre, par touche, laissant dans lombre des pans entiers de la vie de Neruda, mais éclairant dun regard tendre dautres aspects.
Mais il est aussi question de Skarmeta dans ce livre, de la rédaction de son Ardente Patience, commande pour un téléfilm quil met lui-même en scène, non sans difficulté. Souvenirs également du tournage en Italie de la seconde adaptation, celle de Radford. Mémoires des amours de jeunesse de Skarmeta, servies par la poésie de Neruda et facilitées par la complicité du Poète.
Dans la seconde partie de louvrage, Skarmeta a choisi vingt poèmes de Neruda, vingt comme les Vingt poèmes damours. Cités dans leur intégralité, ils sont ensuite commentés en quelques pages par Skarmeta. Se mêlent alors un commentaire littéraire, sérieux qui nest pas, avouons le, ce quil y a de plus réussi dans le livre et à nouveaux quelques bribes personnelles, souvenirs des usages de ces poésies. Skarmeta rapporte ainsi comment Matilde, la dernière compagne de Pablo, lut en public le sonnet XCIV de La Centaine damour, à loccasion de la commémoration des dix ans de la mort du Poète, en pleine répression pinochetiste, puis réclama en place dune minute de silence, une minute de joie et dapplaudissement pour lui qui aimait tant la vie.
On ferme louvrage de Skarmeta avec lenvie folle de reprendre les recueils du poète chilien, l«ardente (im)patience» de se jeter sur les Odes élémentaires, de se plonger dans les Vingt poèmes damours ou de se perdre dans les Vers du capitaine. Nest-ce pas, finalement, la plus belle réussite de louvrage que de nourrir cette envie et de se révéler un émouvante invitation à la lecture ?...
Mathilde Larrère ( Mis en ligne le 10/01/2007 ) Imprimer | | |
|
|
|
|