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Littérature -> Littérature Américaine |
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L’Amérique avant les États-Unis | | | Geraldine Brooks L'Autre rive du monde Belfond 2012 / 21 € - 137.55 ffr. / 372 pages ISBN : 978-2-7144-5128-6 FORMAT : 15,5 cm × 24,0 cm
Anne Rabinovitch (Traducteur) Imprimer
Née en Australie, correspondante de guerre pour le Wall Street Journal, Geraldine Brooks vit aux États-Unis. LAutre rive du monde est son quatrième roman et le troisième à paraître aux éditions Belfond. Elle sest inspirée dune histoire réelle pour construire ce récit qui se déroule entre 1660 et 1715 dans lAmérique des puritains, justement dans lîle où elle vit aujourdhui.
Elle utilise pour raconter cette histoire des débuts de lAmérique, période où tout est possible, le procédé du journal. La narratrice, Bethia Mayfield, a 12 ans au début de lhistoire ; elle vit avec ses parents et son frère Makepeace sur lîle de Marthas Vineyard (au XVIIe siècle, Noepe) où cohabitent colons anglais et indiens. Elle avait aussi un frère jumeau, Zuriel, mais il est mort accidentellement avant le début du récit. Le père de Bethia est pasteur et cherche à évangéliser les Indiens. Bethia cependant ne se plie que difficilement au conformisme que son entourage attend delle. Elle aimerait apprendre mais ce souci est inconcevable dans son milieu où la seule chose que lon attende des femmes est quelles sachent tenir leur maison. Elle sévade souvent hors des terres anglaises, explore les rivages et découvre les indiens Wampanoag, leurs voisins. Sa rencontre avec lun dentre eux, fils de chef, Caleb, marque son existence et celle de Caleb également. Quelques années plus tard Caleb, recueilli par le pasteur, recevra une instruction anglaise classique et entrera à Harvard (fondé en 1650).
Geraldine Brooks retrace la vie des premiers temps de la colonisation anglaise, alors que lentente apparaissait possible avec les Indiens sur le partage des terres, quoique déjà les sujets de mésentente ne manquent pas
Son héroïne Bethia apparaît comme une femme «moderne» dans son souci dinstruction et son exigence de liberté et dégalité. Cest dailleurs éventuellement un des anachronismes du roman, même si Bethia ne se vit pas totalement en féministe et accepte somme toute son destin de subordination aux hommes de son entourage.
Parmi les thèmes du roman : la question de la force des origines et de la difficulté voire limpossibilité - à sen détacher, aussi bien pour les Anglais qui sont en train de devenir des «Américains» que pour les Indiens qui pourraient sassimiler
Caleb de ce point de vue est le personnage central avec son ami Joel, placés devant ces choix inconciliables : devenir «Américains» et vivre avec leurs racines et leur culture indiennes.
Un roman grand public, émouvant, qui se lit aisément, sur une page finalement assez peu connue de lhistoire américaine : la fondation dHarvard, ses premières années, la brève période où les Indiens ont pu se considérer comme les premiers occupants légitimes de leurs terres, fiers de leur civilisation.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 25/04/2012 ) Imprimer
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