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Peur
Frederick Exley   A l'épreuve de la faim - Journal d'une île froide
Monsieur Toussaint Louverture 2013 /  22 € - 144.1 ffr. / 316 pages
ISBN : 979-10-90724-03-7
FORMAT : 14,0 cm × 19,5 cm

Philippe et Emmanuelle Aronson (Traducteurs)
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Les éditions Monsieur Toussaint Louverture avaient publié en 2011 Le Dernier stade de la soif (édition américaine, 1968, réédité cette année en format de poche), livre culte pour tous ceux qui aiment la lignée de Bukowski, Fante, etc. Elles publient aujourd’hui le second texte de Frederick Exley (1929-1992), À l’épreuve de la faim, sous-titré Journal d’une île froide, et la couverture du livre découpe en fenêtre la forme d’une île, dans laquelle apparaît le visage de l’auteur, yeux baissés, cigarette au coin des lèvres. Dans les deux cas, il s’agit de textes inédits en français, et les lecteurs sont reconnaissants aux éditions Monsieur Toussaint Louverture du travail accompli pour faire connaître en France des auteurs reconnus aux Etats-Unis, mais d’un accès plus difficile que les best-sellers courants et que l’édition française a négligés.

De surcroît, comme c’est la règle dans cette maison d’édition, le livre est superbe, imprimé sur un beau papier épais, sous l’habituelle couverture brun-gris, avec sur la tranche une citation en lettres majuscules : «J’avais peur : peur de la beauté et de la laideur, peur d’être aimé et de ne pas l’être, peur de vivre et peur de mourir, tellement peur du soleil que je ne parvenais pas à ouvrir les yeux le matin, et tellement peur de la nuit que je ne pouvais pas les fermer le soir pour m’endormir : j’avais peur». Une citation qui dit tout du texte que l’on va découvrir, qui va bousculer le lecteur, l’entraîner dans la descente aux enfers de Frederick Exley, descente qui connaît quelques paliers et quelques rémissions. Descente peuplée de jolies filles, de strip-stripteaseuses, de bars hantés par des paumés…

À l’épreuve de la faim, publié aux États-Unis en 1976, prend la forme d’un journal intime dans lequel l’auteur s’épanche sans concessions ni retenue Tout y passe : ses obsessions personnelles, le souvenir des femmes avec qui il a vécu, ses réussites et ses ratages, ses cuites, ses enthousiasmes littéraires, ses souvenirs dans le désordre… Après avoir publié Le Dernier stade de la soif, il est convaincu qu’il est définitivement un raté, et dévide ses craintes et sa conviction d’avoir fait de sa vie un néant. Il vogue de l’île de Floride où il trouve refuge, Singer Island, à un atelier d’écriture renommé de l’Iowa qui l’appelle comme professeur, toujours entre deux alcools, lucide et désespéré, animé en dépit de tout d’un sens corrosif de l’humour. Le sous-titre est explicite : Journal d’une île froide, lui-même sous-titré Mémoires fictifs, et Frederick Exley prend soin d’avertir son lecteur qu’il a changé quelques noms et lieux, qu’il s’agit d’une autobiographie fictive.

Cependant l’ensemble est hurlant de vérité, dans cette longue plainte - qui n’est pas nécessairement apitoiement - dans laquelle Frederik Exley raconte sa vie dans tous les sens - les flash back abondent - et le lecteur est sans cesse entraîné d’un terrain vers l’autre. Il passe sans transition du drôle au tragique, de l’essentiel à l’anecdotique, du quotidien le plus trivial aux auteurs qu’il admire, et plane sur l’ensemble l’ombre d’Edmund Wilson. Première phrase du livre : «Lundi 12 juin 1972, à six heures et demie du matin, Edmund Wilson mourait d’un infarctus dans la maison qui appartenait à la branche maternelle de sa famille depuis des générations - «La Vieille Bâtisse en pierre» -, à Talcottville, dans le comté de Lewis au nord de l’État de New York, à une heure de route au sud de l’endroit où je suis en train d’écrire ces mots, dans la maison de ma propre mère à Alexandria Bay, petite ville balnéaire de l’archipel des Thousands Islands, sur le Saint-Laurent». Dans le désastre général de la vie, seule l’écriture est ligne de force.

On attend maintenant avec impatience le troisième volet de la trilogie, Last notes from home (édition américaine, 1988).


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 12/04/2013 )
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  • Le Dernier stade de la soif
       de Frederick Exley
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